lundi 14 juin 2010

L'Egypt Antique

Égypte antique


Hiéroglyphes liés aux constructions
L'Égypte antique est une ancienne civilisation d'Afrique du Nord concentrée le long du cours inférieur du Nil, dans ce qui constitue aujourd'hui l'Égypte.
Cette civilisation de l'Égypte antique prend forme autour de -31501 avec l'unification politique de la Haute et de la Basse-Égypte sous le règne du premier pharaon et se développe sur plus de trois millénaires2. Son histoire est parsemée d'une série de périodes stables politiquement, entrecoupées de plusieurs périodes intermédiaires, plus troublées. L'Égypte antique atteint son apogée sous le Nouvel Empire, après quoi il est entré dans une période de lent déclin. Le pays subit les assauts répétés de puissances étrangères dans cette période tardive et le règne des pharaons prend officiellement fin en -31 lorsque l'Empire romain conquiert l'Égypte pour en faire une province3.
Le succès de la civilisation égyptienne antique découle en partie de sa capacité à s'adapter aux conditions de la vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve et le contrôle de l'irrigation de la vallée produit des récoltes excédentaires qui alimentent le développement social et culturel du pays. L'administration finance également l'exploitation minière de la vallée et des régions voisines du désert. Le développement rapide d'un système d'écriture indépendant, l'organisation de constructions collectives et de projets agricoles, les relations commerciales avec les pays voisins et une armée solide permettent à l'Égypte d'affirmer sa domination sur la région. Toutes ces activités sont organisées par une bureaucratie de scribes, de dirigeants religieux et d'administrateurs sous le contrôle du pharaon qui assure l'unité du peuple égyptien dans le cadre d'un système complexe de croyances religieuses4,5.
Les nombreuses réalisations des Égyptiens de l'Antiquité comprennent l'extraction minière, l'arpentage et les techniques de construction qui facilitent la construction de pyramides monumentales, de temples et d'obélisques. On compte également à leur crédit le développement des mathématiques, de la médecine, de l'irrigation et de la production agricole, la construction des premiers navires connus, la faïence égyptienne, de nouvelles formes de littérature et l'établissement du plus ancien traité de paix6. Du rassemblement des tribus primitives qui créent le premier royaume pharaonique jusqu'à sa disparition peu avant notre ère, l'Égypte antique est le théâtre d'évènements majeurs qui influencent assurément la culture et l'imaginaire des peuples lui ayant succédé. Son art et son architecture sont largement copiés et ses antiquités sont disséminées aux quatre coins du monde. Un regain d'intérêt pour la période antique au début de l'époque moderne conduit à de nombreuses investigations scientifiques de la civilisation égyptienne, notamment par des fouilles, et à une meilleure appréciation de son héritage culturel, pour l'Égypte et le monde7.
Sommaire
• 1 Histoire
o 1.1 Période prédynastique
o 1.2 Période thinite
o 1.3 Ancien Empire
o 1.4 Première période intermédiaire
o 1.5 Moyen Empire
o 1.6 Deuxième période intermédiaire
o 1.7 Nouvel Empire
o 1.8 Troisième période intermédiaire
o 1.9 Basse époque
o 1.10 Dynastie ptolémaïque
o 1.11 Période romaine
o 1.12 Résumé
• 2 Géographie
• 3 Gouvernement et économie
o 3.1 Organisation politique
o 3.2 Organisation sociale
o 3.3 Système judiciaire
o 3.4 Commerce
o 3.5 Agriculture
o 3.6 Ressources naturelles
• 4 Langue
o 4.1 Historique
o 4.2 Sons et grammaire
o 4.3 Écritures
o 4.4 Littérature
• 5 Culture
o 5.1 Vie quotidienne
o 5.2 Architecture
o 5.3 Art égyptien
o 5.4 Croyances religieuses
o 5.5 Rites funéraires
o 5.6 Armée
• 6 Sciences et technologies
o 6.1 La faïence et le verre
o 6.2 Médecine
o 6.3 Construction navale
o 6.4 Mathématiques
• 7 L'Égypte antique dans les arts
o 7.1 Architecture
o 7.2 Peinture
o 7.3 Musique
o 7.4 Littérature
 7.4.1 Récits de grands voyageurs
 7.4.2 Romans
 7.4.3 Bandes dessinées
o 7.5 Cinéma/Musique
o 7.6 Jeux de rôle
o 7.7 Jeux vidéo
• 8 Bibliographie
o 8.1 En français
o 8.2 En anglais
• 9 Notes
• 10 Voir aussi
o 10.1 Liens internes
o 10.2 Liens externes

Histoire
Principaux sites de l'Égypte antique
Au premier abord, les trois mille ans d'histoire de l'Égypte antique semblent receler autant de changements que de constantes. Les périodes fastes alternent régulièrement avec des périodes d'instabilité plus ou moins prononcées. Au fil du temps, la vie de l'État pharaonique paraît toutefois devenir plus chaotique. Aux cinq siècles de prospérité du Nouvel Empire succèdent sept siècles de troubles. Changements de maîtres et changements de frontières s'enchaînent jusqu'à l'avènement de la Pax Romana.
Pourtant le caractère le plus remarquable de l'Égypte ancienne est sa prodigieuse continuité. Car au-delà des mutations territoriales et des bouleversements politiques, cette civilisation a perduré pendant plus de trois millénaires, fait unique dans l'Histoire. Depuis leur mise en place aux débuts de l’histoire écrite jusqu'à leur bannissement au triomphe du christianisme, les grands principes de la culture égyptienne se sont maintenus et préservés. Durant cette période, le mode de vie au bord du fleuve Nil a très peu évolué, toujours rythmé par la crue, les impôts et les dieux.
L'historien grec Hérodote disait que « l'Égypte est un don du Nil ». Il avait observé à juste titre que le fleuve est indissociable de l'identité égyptienne antique, car sans lui l’Égypte n’existerait pas. Il était donc tout naturel que les habitants de la « Terre noire » en fassent un dieu important de leur panthéon. D’autant plus important que ce dieu pouvait se montrer capricieux : une mauvaise crue et les récoltes étaient perdues, entraînant la famine. Avant la construction du barrage d'Assouan, les paysans ont toujours vécu dans cette crainte.
Afin de pallier cette éventualité, une administration compétente s’est mise en place dès les origines. Les surplus de grains étaient prélevés par l’impôt et stockés en prévision d’années moins favorables où le besoin se ferait sentir. Une armée de scribes et d’intendants s’occupait scrupuleusement du recouvrement. Ce corps de fonctionnaires a constitué de tous temps le principal pilier du pouvoir royal, le socle de la richesse et de la puissance du pays jusqu’aux débuts de l’industrialisation.
Au sommet de la hiérarchie, dirigeant l’ensemble, coordonnant les services, une seule autorité : Pharaon. Le roi tire directement son pouvoir des dieux. Il est à la fois leur descendant et premier serviteur, donc ne saurait être mis en doute. L’institution pharaonique est surtout le symbole de l’unité nationale et une condition essentielle de la stabilité du pays (donc de son exploitation). Les envahisseurs successifs ne s’y sont pas trompés et ont constamment pris soin de sacrifier à la coutume. En se faisant couronner pharaons ils garantissaient la continuité de l’État tout en gagnant une certaine légitimité auprès du peuple.
Car le destin de celui qui occupe la fonction royale est intimement lié à celui de l’Égypte elle-même. Chaque affaiblissement du pouvoir central est potentiellement porteur de crise, alors que chaque fois qu’un homme fort occupe le trône, la paix du royaume est assurée. Ceci pourrait expliquer la facilité avec laquelle les Égyptiens ont accepté des rois étrangers, pourvu qu’ils respectent les traditions ancestrales.
Le système a prouvé sa force plus de temps que nécessaire. Les siècles ont finalement révélé ses limites et ses faiblesses. Sa trop lente évolution et son incapacité à s’adapter à un environnement en mutation l’ont conduit à se faire supplanter et dominer par ses voisins. Il lui fallut attendre de nombreux siècles pour briller à nouveau d’un éclat réel mais différent, celui du monde arabe.
Période prédynastique
Un vase représentant des gazelles, typique de la période Nagada II.
Dans la période prédynastique, le climat égyptien est beaucoup moins aride qu'il ne l'est aujourd'hui. De vastes régions de l'Égypte sont recouvertes de savane arborée et traversée par des troupeaux d'ongulés. Les feuillages et la faune y sont alors beaucoup plus prolifiques et la région du Nil abrite d'importantes populations de gibiers d'eau. La chasse est une activité commune pour les Égyptiens et c'est aussi à cette période que de nombreux animaux sont domestiqués pour la première fois8.
Vers -5500, de petites tribus vivant dans la vallée du Nil développent leur propre culture identifiable par leurs poteries et des objets personnels, tels que des peignes, des bracelets et des perles et démontrant d'importantes connaissances en agriculture et en élevage. En Haute Égypte, la plus importante de ces cultures primales est la culture badari, connue pour ses céramiques de haute qualité, ses outils en pierre et son utilisation du cuivre9. Dans le nord de l'Égypte, les cultures amratienne et gerzienne succèdent à la culture badari10 . Celles-ci développent un certain nombre d'améliorations technologiques et des contacts avec les peuples de Canaan et de la cité portuaire de Byblos11.
Dans le sud de l'Égypte, la culture Nagada, semblable à celle des Badari, commence à s'étendre le long du Nil à partir du quatrième millénaire avant notre ère environ. Dès la période de Nagada I, les Égyptiens prédynastiques importent de l'obsidienne d'Éthiopie pour façonner leurs lames et d'autres objets à partir d'éclats12,13. Sur une période d'environ 1000 ans, la culture Naqada se développe à partir de quelques petites communautés agricoles jusqu'à devenir une puissante civilisation où les dirigeants ont un contrôle total sur la population et les ressources de la vallée du Nil14. Le centre du pouvoir s'établit en premier lieu à Hiérakonpolis, puis plus tard à Abydos, élargissant ainsi leur contrôle de l'Égypte vers le nord15. Ils établissent de nombreux échanges commerciaux avec la Nubie au sud, les oasis du désert occidental à l'ouest et les cultures de la Méditerranée orientale à l'est15.
La culture Nagada fabrique une gamme très diversifiée de biens matériels, tels que de la céramique peinte, des vases en pierre de grande qualité, des palettes de maquillage, ainsi que des bijoux en or, en lapis-lazuli et en ivoire, reflétant la montée en puissance et la richesse de l'élite16. Ils mettent également au point un émail céramique connue sous le nom de faïence qui est utilisé jusque dans l'époque romaine pour décorer des tasses, des amulettes et des figurines. À la fin de la période prédynastique, la culture Nagada commence à utiliser des symboles écrits qui vont évoluer jusqu'à devenir par la suite le système hiéroglyphique complet utilisé pour l'écriture pendant l'Égypte antique17.
Période thinite
La palette de Narmer représente l'unification des deux royaumes d'Égypte.
D'après les écrits du prêtre égyptien Manéthon, datant du IIIe siècle avant notre ère, la lignée des pharaons de l'Égypte antique se divise suivant trente dynasties successives à partir du pharaon Ménès18. Le roi Meni (ou Ménès en grec) qui est supposé avoir procédé à l'unification des deux royaumes de Haute et Basse-Égypte vers -320019. En réalité, la transition vers un État unifié se déroule certainement de manière plus progressive que ce que les anciens écrivains égyptiens voudraient faire croire, même s'il ne subsiste aucune trace datant de l'époque de Ménès. Néanmoins, certains chercheurs croient maintenant que le mythique Ménès pourrait en réalité être le pharaon Narmer. Celui-ci est représenté en costume de cérémonie royale sur la palette de Narmer dans un acte symbolique d'unification20,21.
Au début de la période thinite, vers -3150, les premiers pharaons dynastiques consolident leur contrôle sur la Basse-Égypte en établissant leur capitale à Memphis, à partir de laquelle ils peuvent contrôler la main d'œuvre et l'agriculture de la région fertile du delta, ainsi que les routes commerciales vers le Levant qui sont tout autant stratégiques que lucratives. La richesse et le pouvoir grandissant des pharaons au cours de la période thinite se reflètent dans leur mastaba ouvragé et la présence de structures de culte funéraire à Abydos qui servent à célébrer le pharaon divinisé après sa mort22. L'institution forte de la royauté développée par les pharaons servent à légitimer le contrôle de l'État sur la terre, le travail et les ressources qui sont indispensables à la survie et à la croissance de la civilisation égyptienne antique23.
Ancien Empire
Les pyramides de Gizeh.
D'importantes avancées sont faites en architecture, en art et en technologie au cours de l'Ancien Empire grâce aux gains de productivité agricole gérée par une administration centrale bien développée24. Sous la direction du vizir, des fonctionnaires collectent les impôts, coordonnent des projets d'irrigation pour améliorer le rendement des cultures, détachent des paysans sur des projets de construction et établissent un système de justice pour maintenir la paix et l'ordre25. Avec l'excédent de ressources mises à disposition par une économie productive et stable, l'État est en mesure de financer la construction de monuments colossaux et de commander des œuvres d'art exceptionnelles aux ateliers royaux. Les pyramides construites par Djéser, Khéops et leurs descendants sont les symboles les plus mémorables de la civilisation égyptienne antique et du pouvoir que détiennent les pharaons.
Avec la montée en puissance de l'administration centrale émerge une nouvelle classe composée de scribes instruits et de fonctionnaires à qui le pharaon accorde des propriétés en guise de paiement pour leurs services. Les pharaons accordent également des terres pour leur culte mortuaire et les temples afin de s'assurer que ces institutions disposent de suffisamment de ressources pour assurer le culte du pharaon après sa mort. À la fin de l'Ancien Empire, cinq siècles de ces pratiques féodales ont lentement érodé le pouvoir économique du pharaon qui ne peut plus se permettre de soutenir une vaste administration centralisée26. Au fur et à mesure que le pouvoir du pharaon décroit, les gouverneurs régionaux, appelés nomarques, commencent à défier la suprématie du pharaon. Cette situation, combinée avec des sécheresses sévères entre -2200 et -215027, cause finalement l'entrée du pays dans une période de 140 ans dominée par la famine et des troubles, connue comme la première période intermédiaire28.
Première période intermédiaire
Après l'effondrement de l'administration centrale égyptienne à la fin de l'Ancien Empire, l'administration ne peut plus soutenir ou stabiliser l'économie du pays. En temps de crise, les gouverneurs des régions ne peuvent pas compter sur l'aide du roi et les pénuries alimentaires qui en découlent se transforment alors en famines et les différends politiques dégénèrent en petites guerres civiles. Pourtant, en dépit des difficultés, les dirigeants locaux qui ne doivent aucun tribut au pharaon usent de leur indépendance nouvellement acquise pour établir une culture florissante dans les provinces. Comme celles-ci contrôlent leur propres ressources, les provinces s'enrichissent, comme en témoignent les sépultures plus vastes et de meilleure qualité dans toutes les classes sociales29. Dans un élan de créativité, les artisans provinciaux adoptent et adaptent les motifs culturels autrefois réservés à la royauté de l'Ancien Empire. Dans le même temps, les scribes développent des styles littéraires exprimant l'optimisme et l'originalité de l'époque30.
Libérés de leur loyauté envers le pharaon, les dirigeants locaux commencent à rivaliser pour le contrôle du territoire et du pouvoir. En -2160, les dirigeants d'Hérakléopolis contrôlent la Basse-Égypte, tandis qu'un clan rival basé à Thèbes, la famille Antef, prend le contrôle de la Haute-Égypte. À mesure que la puissance des Antef grandit, leur contrôle s'étend de plus en plus vers le nord, jusqu'à ce qu'un affrontement entre les deux dynasties rivales devienne inévitable. Autour de -2055, les forces thébaines sous le règne de Nebhepetrê Montouhotep II défont finalement les dirigeants hérakléopolitains, réunissant à nouveau les deux royaumes et inaugurant ainsi une période de renaissance économique et culturelle appelée le Moyen Empire31.
Moyen Empire
Buste d'Amenemhat III, dernier pharaon du Moyen Empire.
Les pharaons du Moyen Empire restaurent la prospérité et la stabilité du pays, stimulant ainsi une résurgence de l'art, de la littérature et des projets de construction monumentale32. Montouhotep II et ses successeurs de la XIe dynastie règnent sur Thèbes jusqu'à ce que le vizir Amenemhat déplace la capitale à Licht (oasis du Fayoum) juste après son couronnement autour de -198533,34. À partir de la ville de Licht, les pharaons de la XIIe dynastie entreprennent un vaste projet de remise en état et d'irrigation des terres pour augmenter la production agricole dans la région. En outre, l'armée reconquiert la Nubie, région riche en carrières et en mines d'or, tandis que les ouvriers construisent une structure défensive dans l'est du delta, appelée les « Murs du Prince », pour se défendre contre une attaque étrangère35.
Avec la stabilisation du pouvoir politique et militaire , et l'opulence générée par l'exploitation des terres agricoles et des mines, la population du pays croît en même temps que les arts et la religion. Contrairement au comportement élitiste de l'Ancien Empire envers les dieux, le Moyen Empire connait une recrudescence de la piété (que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de démocratisation) pour l'au-delà, dans lequel l'âme de tout homme est accueillie après la mort parmi les dieux36. De nouveaux sommets de perfection technique sont atteints au Moyen Empire à travers la littérature qui traite de sujets et de personnages sophistiqués avec un style éloquent30 et la sculpture de reliefs qui saisissent les moindres détails de chaque chose37.
Le dernier grand souverain du Moyen Empire, Amenemhat III, permet aux colons asiatiques de s'installer dans la région du delta pour fournir de la main d'œuvre suffisante pour ses campagnes particulièrement ambitieuses. Ses campagnes d'extraction minière et de construction, combinées avec les crues du Nil plus tard dans son règne, mettent à rude épreuve l'économie et précipitent le pays dans un lent déclin lors de la deuxième période intermédiaire. Au cours de ce déclin, correspondant aux XIIIe et XIVe dynasties, les colons asiatiques prennent peu à peu le contrôle de la région du delta pour finalement monter sur le trône d'Égypte, sous le nom d'Hyksôs38.
Deuxième période intermédiaire
Article détaillé : Deuxième période intermédiaire égyptienne.
Vers -1650, au fur et à mesure que le pouvoir des pharaons du Moyen Empire s'affaiblit, les immigrants asiatiques vivant dans la ville d'Avaris, dans le delta oriental, prennent le contrôle de la région et contraignent le gouvernement central à se retirer à Thèbes, où le pharaon est traité comme un vassal qui doit rendre hommage39. Les Hyksôs (littéralement, les « souverains étrangers ») imitent le modèle de gouvernement égyptien et se désignent eux-mêmes comme des pharaons, intégrant ainsi les éléments égyptiens dans leur culture correspondant au milieu de l'âge du bronze40.
Après leur repli, les rois de Thèbes se retrouvent pris au piège entre les Hyksôs au nord et leurs alliés nubiens, les Koushites, au sud. Après une centaine d'années d'inaction, les forces thébaines se rassemblent vers -1555 et contestent le pouvoir des Hyksôs dans un conflit qui s'étend sur plus de trente ans39. Les pharaons Séqénenrê Taâ II et Kamosé réussissent finalement à vaincre les Nubiens, mais ce n'est que le successeur de Kamosé, Ahmôsis Ier, qui mène avec succès une série de campagnes qui libère définitivement l'Égypte de la présence des Hyksôs. L'armée devient ainsi une priorité pour les pharaons du Nouvel Empire qui suit afin d'assurer l'extension des frontières et sa domination complète sur le Proche-Orient41.
Nouvel Empire
L'étendue de l'Égypte antique à son apogée territoriale
Les pharaons du Nouvel Empire instaurent une période de prospérité sans précédent en sécurisant leurs frontières et en renforçant les liens diplomatiques avec leurs voisins. Les campagnes militaires menées sous Thoutmôsis Ier et son petit-fils, Thoutmôsis III, étendent l'influence des pharaons en Syrie et en Nubie. Elles renforcent également les loyautés et ouvrent l'accès aux importations essentielles telles que le bronze et le bois42. Les pharaons du Nouvel Empire commencent une campagne de grande envergure pour promouvoir le dieu Amon dont le culte est basé à Karnak. Ils construisent également des monuments à la gloire de leurs propres réalisations, tant réelles qu'imaginaires. La pharaonne Hatchepsout utilise ce type de propagande pour légitimer ses prétentions au trône43. Son règne a été marqué par le succès de ses expéditions commerciales vers Pount, un temple mortuaire élégant, une paire d'obélisques colossales et une chapelle à Karnak. Cependant, malgré ses réalisations, le neveu et beau-fils d'Hatchepsout, Thoutmôsis III cherche à effacer son héritage vers la fin de son règne, peut-être en guise de représailles pour avoir usurpé son trône44.
Vers -1350, la stabilité du Nouvel Empire est menacée quand Amenhotep IV monte sur le trône et impulse une série de réformes radicales et chaotiques. Changeant son nom en Akhénaton, il promeut le précédemment obscur dieu soleil, Aton, comme divinité suprême et supprime le culte des autres divinités45. Il transfère la capitale à Akhetaton (Tell el-Amarna, de nos jours) et fait la sourde oreille aux affaires étrangères tout absorbé qu'il est par sa nouvelle religion et son style artistique. Après sa mort, le culte d'Aton est rapidement abandonné et les pharaons ultérieurs Toutânkhamon, Aÿ et Horemheb effacent toute référence à l'hérésie d'Akhénaton, maintenant connue comme l'époque amarnienne46.
Vers -1279, Ramsès II monte sur le trône et continue à construire plus de temples, à ériger de nouvelles statues et obélisques et engendre plus d'enfants que tout autre pharaon dans l'histoire47. En chef militaire audacieux, Ramsès II conduit son armée contre les Hittites à la bataille de Qadesh et, après que les combats atteignent l'impasse, accepte finalement le premier traité de paix enregistré vers -125848. La richesse de l'Égypte en fait cependant une cible de choix pour l'invasion, en particulier par les Libyens et les Peuples de la mer. Au début, l'armée réussit à repousser ces invasions, mais l'Égypte perd finalement le contrôle de la Syrie et de la Palestine. L'impact des menaces extérieures est par ailleurs aggravé par des problèmes internes tels que la corruption, le vol des tombes et les troubles civils. Les grands prêtres du temple d'Amon à Thèbes accumulent de vastes étendues de terres et des richesses qui contribuent à l'accroissement de leur pouvoir durant la troisième période intermédiaire49.
Troisième période intermédiaire
Autour de -730, les Libyens de l'ouest provoque la fracture de l'unité politique égyptienne.
Après la mort de Ramsès XI en -1078, Smendès prend le contrôle de la partie nord de l'Égypte, à partir de la ville de Tanis. Quant au sud du pays, il est alors contrôlé par les grands prêtres d'Amon à Thèbes, qui ne reconnaissent Smendès que de nom50. Pendant ce temps, les Libyens s'installent dans le delta occidental où leurs chefs prennent de plus en plus leur autonomie. Les princes libyens prennent le contrôle du delta sous Sheshonq Ier en -945, fondant ainsi la dynastie soi-disant libyenne ou bubastite qui règne pendant environ 200 ans. Sheshonq reprend également le contrôle du sud de l'Égypte en plaçant des membres de sa famille à des postes clés du clergé. Le pouvoir des bubastites s'amenuise à mesure qu'une dynastie rivale émerge dans le delta à Léontopolis et que les Koushites menacent le sud du pays. Autour de -727, le roi Koushite, Piânkhy, envahit le nord de l'Égypte et prend le contrôle de Thèbes, puis finalement du delta51.
Le prestige de l'Égypte chute considérablement à la fin de la troisième période intermédiaire. Ses alliés étrangers tombent en effet sous la sphère d'influence de l'Assyrie et, à partir de -700, la guerre entre les deux États devient inévitable. Entre -671 et -667, les Assyriens entament les hostilités contre l'Égypte. Les règnes de Taharqa et de son successeur, Tanoutamon, sont marqués par le conflit permanent avec les Assyriens, contre lesquels les dirigeants nubiens accumulent plusieurs victoires52. Les Assyriens repoussent finalement les Koushites en Nubie, occupent la ville de Memphis et saccagent les temples de Thèbes53.
Basse époque
En l'absence de plans de conquête permanente, les Assyriens abandonnent le contrôle de l'Égypte à une série de vassaux, connus sous le nom de rois Saite de la XXVIe dynastie. Dès -653, le roi Psammétique Ier arrive à chasser les Assyriens avec l'aide de mercenaires grecs recrutés pour former la première armée navale d'Égypte. L'influence grecque s'accroît considérablement à mesure que la ville de Naucratis devient le foyer des Grecs dans le delta. Les rois Saites basés dans la nouvelle capitale de Saïs connaissent une brève mais vive résurgence dans l'économie et la culture, mais en -525, les puissant Perses, dirigés par Cambyse II, commencent leur conquête de l'Égypte et finissent par capturer le pharaon Psammétique III à la bataille de Péluse. Cambyse II prend alors le titre officiel de Pharaon, mais gouverne depuis sa ville natale de Suse en laissant l'Égypte sous le contrôle d'une satrapie. Même si quelques révoltes contre les Perses sont couronnées de succès au Ve siècle , l'Égypte n'est pas en mesure de renverser définitivement les Perses54.
À la suite de son annexion par la Perse, l'Égypte est rejointe par Chypre et la Phénicie dans la sixième satrapie de l'empire perse achéménide. Cette première période de la domination perse sur l'Égypte, aussi connue comme la XXVIIe dynastie, prend fin en -402. De -380 à -343, la XXXe dynastie est la dernière maison royale indigène à régner sur l'Égypte avec Nectanébo II. Une brève restauration de la domination perse, parfois désignée sous le nom de XXXIe dynastie, commence en -343. Après onze ans seulement, en -332, le souverain perse Mazaces remet le trône d'Égypte sans se battre à Alexandre le Grand55.
Dynastie ptolémaïque
En -332, Alexandre le Grand conquiert l'Égypte avec peu de résistance des Perses et est accueilli par les Égyptiens comme un libérateur. L'administration établie par les successeurs d'Alexandre, les Ptolémées, est basée sur un modèle égyptien dont la nouvelle capitale est Alexandrie. La ville sert à mettre en valeur la puissance et le prestige de la domination grecque et devient un siège d'apprentissage et de culture, autour de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie56. Le phare d'Alexandrie éclaire alors le chemin de nombreux bateaux de commerce sur lesquels les Ptolémées basent l'économie du pays, avec notamment la fabrication du papyrus57.
Afin de s'assurer de la loyauté du peuple, les Ptolémées soutiennent les traditions garantissant ainsi que les traditions égyptiennes ne soient pas supplantées par la culture grecque. Ils construisent de nouveaux temples de style égyptien, avec l'appui des cultes traditionnels et se présentent eux-mêmes comme pharaons. Certaines traditions fusionnent comme par exemple le syncrétisme du panthéon divin à mi-chemin entre les divinités grecques et égyptiennes (tel que Sarapis) ou les motifs traditionnels égyptiens influencés par la sculpture grecque. Malgré leurs efforts pour apaiser les Égyptiens, les Ptolémées sont contestés par la rébellion de la population indigène, les rivalités familiales et la puissante foule d'Alexandrie qui se forme à la mort de Ptolémée IV58. En outre, à mesure que Rome compte davantage sur ses importations de grain en provenance d'Égypte, les Romains s'intéressent fortement à la situation politique du pays. La poursuite des révoltes égyptiennes, l'ambition exacerbée des politiciens et les puissants opposants syriens rendent cette situation instable, menant Rome à envoyer des forces pour sécuriser le pays comme une province de son empire59.
Période romaine
Portrait incarnant la rencontre des cultures égyptiennes et romaines.
L'Égypte devient une province de l'Empire romain en -30, après la défaite de Marc Antoine et de Cléopâtre VII par Octave (le futur empereur Auguste) dans la bataille d'Actium. Les Romains dépendent alors fortement des expéditions de grain en provenance d'Égypte, et la légion romaine, sous le contrôle d'un préfet nommé par l'Empereur, réprime les révoltes, applique strictement la collecte de lourdes taxes et empêche les attaques de bandits qui devenaient de plus en plus répandues60. Alexandrie devient un centre de plus en plus important sur la route commerciale vers l'Orient, au fur et à mesure qu'augmente la demande de Rome pour l'exotisme oriental61.
Bien que les Romains aient une attitude plus hostile que les Grecs à l'égard des Égyptiens, certaines traditions comme la momification et le culte des dieux traditionnels se poursuit62. L'art du portrait de momies est florissant et quelques-uns des empereurs romains se font eux-mêmes dépeindre sous les traits de pharaons, mais dans une moindre mesure toutefois que les Ptolémées. L'administration locale adopte le style de l'administration romaine et reste fermée aux Égyptiens indigènes62.
Dès le milieu du premier siècle de notre ère, le christianisme s'enracine à Alexandrie sous la forme d'un culte alternatif accepté. Il s'agit toutefois d'une religion sans compromis qui cherche à gagner des convertis issus du paganisme, menaçant ainsi les traditions religieuses populaires. Cela conduit à la persécution des convertis au christianisme dont le point culminant est atteint avec les grandes purges ordonnées par Dioclétien en 30363. En 391, l'empereur chrétien Théodose présente une loi qui interdit les rites païens et ferme les temples64. Alexandrie devient le théâtre de grandes émeutes anti-païennes au cours desquelles l'imagerie religieuse publique et privée est détruite65. Par conséquent, la culture païenne de l'Égypte décline progressivement. Alors que la population indigène continue à parler sa langue, l'aptitude à lire les hiéroglyphes disparait avec la diminution du rôle des prêtres et prêtresses des temples égyptiens. Les temples sont d'ailleurs parfois transformés en églises ou abandonnés dans le désert66.
Résumé
C'est vers le debut du néolithique que des tribus commencent à se rassembler dans la fertile vallée du Nil, pour aboutir à la constitution de deux royaumes politiquement distincts mais étroitement liés par une culture commune : la Haute-Égypte au sud, et la Basse-Égypte au nord (le Nil coule du sud vers le nord, d'où ces appellations). La tradition attribue au royaume du sud mené par Narmer l'unification du pays et l'établissement des premières institutions pharaoniques.
Le découpage de l'histoire de l'Égypte en grandes périodes et en trente et une dynasties est hérité du prêtre-historien Manéthon qui vivait dans l'Égypte du IIIe siècle avant notre ère, alors sous domination macédonienne. Les anciens Égyptiens ne faisaient pas cette distinction : pour eux la monarchie était continuelle.
• Jusqu'au -XXXIe siècle : peuplement le long du Nil et période prédynastique. Progressivement se constituent deux royaumes rivaux : le Nord (Basse-Égypte) et le Sud (Haute-Égypte).
• En -3100: L'écriture hiéroglyphique naît en Égypte.
• D'environ -3100 à -2650 : période thinite. Les rois du sud envahissent le delta du Nil et unifient le pays. Ils fondent la Ire dynastie et s'établissent à Thinis, près d'Abydos.
• De -2650 à -2150 : l'Ancien Empire, « âge d'or » de l'Égypte. Période très longue (env. 500 ans) où sont posées les bases de la civilisation égyptienne : arts, philosophie, religions, institutions politiques… C'est l'époque où l'on met en œuvre des chantiers gigantesques pour bâtir les premières pyramides.
• De -2150 à -2060 : première période intermédiaire ; contestation de l'autorité royale et soulèvement des gouverneurs de province (nomarques). La crise politique aboutit à une guerre civile entre le nord et le sud. Montouhotep II finit par imposer la dynastie thébaine du sud.
• De -2060 à -1785 : durant le Moyen Empire le pays retrouve une certaine sérénité propice à de nouveaux engagements militaires et à la floraison d'un art sobre et élégant. Règne des Senouseret (Sésostris) dont s'inspirera le célèbre « conte de Sinouhé ».
• De -1785 à -1580 : deuxième période intermédiaire ; peu à peu, un peuple d'envahisseurs venus de l'Est s'installe dans le delta du Nil pour finalement fonder son propre État. Bénéficiant d'une certaine avance technologique (ils introduisent les chevaux et le char de guerre), les Hyksôs occupent le nord, fondent leur propre dynastie et soumettent les provinces du sud.
D'après la Bible, les Israélites seraient arrivés en Égypte vers -1700 et l'auraient fui 450 ans plus tard (voir l'Exode). Seule une stèle du pharaon Mérenptah vers -1208 atteste de leur présence en Palestine.
• De -1580 à -1085 : Nouvel Empire. Les efforts conjugués de trois rois thébains (Séqénenrê Taâ II, Kamosé et Ahmôsis Ier) sont nécessaires pour chasser les Hyksôs hors d'Égypte. Le renouveau qui s'ensuit donne lieu à l'apogée de la puissance égyptienne. Son influence s'étend et sa culture rayonne jusqu'aux frontières de la Mésopotamie. Les arts deviennent extrêmement raffinés, les temples de Karnak et Louxor sont agrandis ; naissent ainsi les somptueuses tombes de la vallée des rois, les temples d'Abou Simbel… XVIIIe et XIXe dynasties : les Amenhotep (Aménophis en grec), Thotmès (Thoutmôsis), Ramsès (de I à IX), ainsi qu'Hatchepsout, Akhénaton et Toutânkhamon…
• De -1080 à -332 : troisième période intermédiaire et basse époque. L'Égypte des pharaons amorce son déclin. Affaibli par des menaces extérieures, le pouvoir est accaparé par quelques princes et prêtres qui se proclament rois. Des Libyens puis des Éthiopiens réussissent temporairement à restaurer un semblant d'ordre qui ne dure pas. Des guerres intestines constantes font plonger le pays dans une semi-anarchie. Dynasties libyennes, koushites, de Saïs… Les Assyriens pillent Thèbes et ses grands temples. L'art, sous influence étrangère, se fait grossier et dégénère. Les Perses occupent le pays. Après une révolte difficile, Nectanébo II est le dernier pharaon autochtone.
• De -332 à -30 : la période hellénistique (ou ptolémaïque) commence avec la libération du pays par Alexandre le Grand. Celui-ci refoule les Perses, fonde une nouvelle capitale - Alexandrie - en -331 et lance une série de chantiers. À sa mort, le général Ptolémée avec lequel il était très lié prend possession de l'Égypte et crée la dynastie des Lagides. Les Macédoniens comprennent qu'ils gouvernent un peuple aux traditions millénaires et en tirent parti : ils favorisent le culte d'Isis et de Sarapis dont la renommée atteindra Rome. En -48, pour s'attirer les bonnes grâces de César dont la gloire ne cesse de croître, le roi Ptolémée XIII fait assassiner son rival, le consul Pompée. Ce meurtre déshonorant produit l'effet inverse : César occupe la capitale et devient l'amant de la sœur-épouse du roi, Cléopâtre VII Philopator, qu'il installe sur le trône. À la mort du dictateur, la reine d'Égypte prend le parti de Marc Antoine contre Octave pour le pouvoir à Rome. Elle est finalement vaincue à Actium en -30 et rentre à Alexandrie où elle se donne la mort le 15 août.
• -30 : Octave, neveu de César, est proclamé Empereur à Rome sous le nom d'Auguste. Il fait disparaître le fils de Cléopâtre, Ptolémée XV Césarion, dernier héritier légitime du trône. Désormais l'Égypte ne sera plus qu'une province du nouvel Empire romain.
La fin de l'histoire égyptienne antique varie en fonction du point de vue adopté. Elle s'achève :
• d'un point de vue ethnologique, à la mort du dernier pharaon autochtone, Nectanébo II en -343 ;
• d'un point de vue politique, à la mort du dernier souverain autonome, Ptolémée XV Césarion en -30 ;
• d'un point de vue culturel, lors de la conversion du dernier temple égyptien en église copte, le temple d'Isis à Philæ en 535 (fermeture en 551).
Géographie de l'Égypte antique.
La géographie de l’Égypte antique, d’un point de vue environnemental, est assez proche de celle de l’Égypte contemporaine. L’Égypte est un pays au climat semi-désertique dont seules les bandes fertiles de part et d’autre du Nil, le delta et quelques oasis, sont propres à l’implantation humaine. Le reste est recouvert par le désert Libyque à l’ouest, le désert égyptien à l’est et le Sinaï au nord-est.
Les frontières traditionnelles de l’Égypte antique sont assez semblables aux frontières de l’Égypte moderne. Ainsi, dans l’Ancien Empire, le pays est délimité au nord par la mer Méditerranée, au sud par la première cataracte du Nil, à l’ouest par le désert Libyque et à l’est par la mer Rouge, le Sinaï et la région de Gaza.
Gouvernement et économie
Organisation politique
Le pharaon est souvent représenté avec les symboles du pouvoir royal.
L'Égypte antique est une monarchie théocratique. Bien plus qu'un roi, le pharaon est à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'Égypte. En effet, Pharaon avait une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur Terre, c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité. Pour exercer son contrôle sur les terres et les ressources, le pharaon s'appuie sur une administration composée de fonctionnaires qui gère ses affaires au quotidien. Cette administration est dirigée par son homme de confiance, le vizir, qui agi comme représentant du roi et coordonne l'arpentage des terres, le trésor, les projets de construction, le système juridique et les archives67.
Le territoire égyptien est découpé en 42 régions administratives, appelées nomes, qui sont chacune régies par un nomarque, responsable devant le vizir de sa compétence. Les temples constituent l'épine dorsale de l'économie égyptienne. Ainsi, les temples sont non seulement des lieux de culte mais ils sont également responsables de la collecte et du stockage des richesses de la nation dans un système administré de greniers et de trésoreries qui redistribuent les céréales et les biens68.
Organisation sociale
La société égyptienne est très stratifiée et le statut social de chaque individu est expressément affichée. Les agriculteurs constituent la grande majorité de la population bien qu'ils ne détiennent la propriété ni de leurs produits, ni de leurs terres. En effet, les produits agricoles sont détenus directement par l'État, un temple ou une famille noble qui possède la terre69. Les agriculteurs sont aussi soumis à un impôt sur le travail et sont obligés de travailler sur les projets d'irrigation ou de construction via un système de corvées70. Les artistes et les artisans ont un statut plus élevé que les agriculteurs même s'ils sont eux aussi sous le contrôle de l'État. Ils travaillent dans des boutiques attenant aux temples et sont payés directement par le Trésor public. Les scribes et les fonctionnaires forment la classe supérieure dans l'Égypte antique, désignée sous le nom de « classe au pagne blanc » en référence aux vêtements de lin blan qu'ils portent pour indiquer leur rang71. Cette classe supérieure met en évidence son statut social dans l'art et la littérature. Juste en dessous de la noblesse se trouvent les prêtres, les médecins et les ingénieurs qui ont suivi une formation spécialisée dans leur domaine. Bien qu'aucune preuve n'indique que l'esclavage soit pratiqué à cette époque, son éventuelle ampleur et sa prévalence restent inconnues72.
Les Égyptiens de l'Antiquité considèrent les hommes et les femmes comme égaux devant la loi, quelle que soit la classe sociale. Le plus humble des paysans a ainsi le droit de présenter une requête auprès du vizir et de sa cour pour obtenir réparation73. Les hommes et les femmes ont le droit de posséder et de vendre des biens, de conclure des contrats, de se marier et de divorcer, de recevoir un héritage et d'entamer des poursuites devant les tribunaux en cas de litige. Les couples mariés peuvent posséder des biens communs et se protéger du divorce en signant un contrat de mariage qui stipule les obligations financières du mari à sa femme et à ses enfants dans le cas où le mariage prendrait fin. Comparés à leurs homologues de la Grèce antique ou de Rome, les Égyptiennes bénéficient d'une grande liberté et de la possibilité de se réaliser sur le plan personnel. Plusieurs femmes dont Hatchepsout et Cléopâtre deviennent même pharaons, alors que d'autres exercent un pouvoir religieux en tant qu'épouses d'Amon. En dépit de ces libertés, les Égyptiennes ne peuvent toutefois pas exercer de postes officiels dans l'administration et restent cantonnées à des rôles secondaires dans les temples, en raison d'une inégalité par rapport aux hommes devant l'instruction73.
Système judiciaire
Les scribes ont la charge de consigner les taxes et tous les documents administratifs.
Au sommet du système judiciaire égyptien se trouve officiellement le pharaon qui est chargé de promulguer les lois, de rendre la justice et de maintenir l'ordre public, un concept que les anciens Égyptiens dénomment Maât67. Même si aucun code juridique n'a survécu, les documents judiciaires de l'époque montrent que la loi égyptienne est fondée sur le bon sens entre le bien et le mal qui se base avant tout sur la résolution de conflits et sur la conclusion d'accords plutôt que sur un ensemble complexe de lois73. Des conseils d'anciens, connus sous le nom de Kenbet dans le Nouvel Empire, sont chargés de statuer localement sur les affaires judiciaires impliquant des petites créances et des conflits mineurs67. Les cas les plus graves impliquant des meurtres, des opérations immobilières importantes et du pillage de tombeau sont renvoyés à la Grande Kenbet, présidée par le vizir ou le pharaon. Les demandeurs et les défendeurs se représentent eux-mêmes et prêtent serment d'avoir dit toute la vérité. Dans certains cas, l'État assume à la fois le rôle de procureur et de juge. Il n'est alors pas rare que l'accusé soit passé à tabac pour obtenir des aveux et les noms des conspirateurs. Cependant, que les accusations soient graves ou non, les scribes judiciaires prennent acte par écrit de la plainte, des témoignages et du verdict de l'affaire pour future référence74.
Suivant la gravité des actes incriminés, les sentences pour les crimes mineurs vont de la simple amende à la mutilation du visage, en passant par les coups ou l'exil. Les criminels les plus dangereux tels que les meurtriers ou les pilleurs de tombe sont condamnés à mort, soit par décapitation, par noyade ou par empalement. Dans les cas très graves, la sanction pouvait même être étendue à la famille du criminel67. À partir du Nouvel Empire, les oracles jouent un rôle majeur dans le système juridique en rendant la justice dans les affaires civiles et pénales. La procédure consiste à demander au dieu un « oui » ou un « non » à une question concernant le bienfondé d'une affaire. Avec le support d'un certain nombre de prêtres, le dieu rend son jugement en choisissant l'une ou l'autre des réponses, en se penchant en avant ou en arrière ou en pointant l'une des réponses écrites sur une feuille de papyrus ou un ostracon75.
Commerce
Une grande partie de l'économie est centralisée et strictement contrôlée. Bien que les Égyptiens ne frappent pas la monnaie jusqu'à la Basse Époque, ils utilisent un système monétaire basé sur le troc76, avec des sacs de grain ou des deben d'or ou d'argent pesant environ 91 grammes77. Les salaires des travailleurs sont versés en grains : un simple ouvrier peut ainsi gagner 5 sacs et demi (soit 200 kg) de céréales par mois, alors qu'un contremaître peut gagner 7 sacs et demi (soit 250 kg). Les prix des marchandises et des denrées sont fixés pour l'ensemble du territoire et sont consignés dans des listes pour faciliter les échanges. À titre d'exemple, une chemise coûte ainsi cinq deben de cuivre, tandis que le coût d'une vache est de 140 deben77. Le grain peut ainsi être échangé contre d'autres biens, selon la liste de prix fixes. À partir du -Ve siècle , la monnaie est introduite en Égypte depuis l'étranger. Au début, les pièces sont utilisées comme quantités normalisées de métaux précieux, plutôt que comme une vraie monnaie. Toutefois, après quelques siècles, les négociants internationaux commencent à se baser sur la monnaie78.
Les Égyptiens établissent des relations commerciales avec leurs voisins pour obtenir des produits exotiques et rares qu'on ne peut pas trouver en Égypte. Dans la période prédynastique, ils mettent en place une route commerciale avec la Nubie pour obtenir de l'or et de l'encens et une colonie stationne également dans le sud de Canaan79. Ils établissent également des liens commerciaux avec la Palestine, comme en témoignent les cruches de pétrole de style palestinien trouvées dans les sépultures des pharaons de la première dynastie80. Narmer possède également des céramiques égyptiennes produites au pays de Canaan et exportés vers l'Égypte81,82.
À partir de la deuxième dynastie, l'Égypte commerce avec Byblos pour s'approvisionner en bois de qualité. Sous la cinquième dynastie, le commerce avec le pays de Pount fournit des résines aromatiques, de l'or, de l'ébène, de l'ivoire et des animaux sauvages tels que des singes et des babouins83. L'Égypte se repose aussi sur le commerce avec l'Anatolie pour acheter de l'étain ainsi que des réserves supplémentaires de cuivre, nécessaires à la fabrication du bronze. Les Égyptiens apprécient également le lapis-lazuli qui est importée du lointain Afghanistan. Parmi les autres partenaires commerciaux de l'Égypte en Méditerranée, on trouve également la Grèce et la Crète qui approvisionnent le pays en huile d'olive84. Pour équilibrer sa balance commerciale, l'Égypte exporte surtout des céréales, de l'or, du lin, du papyrus, ainsi que d'autres produits finis parmi lesquels du verre et des objets en pierre85.
Agriculture
Un bas-relief mortuaire représentant le labour des champs, la récolte des cultures et le battage du grain.
Il existe un étonnant paradoxe entre l'image que les Égyptiens de l'Antiquité avaient de leur agriculture et l'image qu'en avaient les visiteurs étrangers. Ainsi, alors que les scribes dépeignent le métier d'agriculteur comme le plus harassant et ingrat des travaux manuels, les voyageurs grecs comme Hérodote et Diodore de Sicile s'extasiaient devant cette terre où les plantes semblaient pousser sans grand effort. Il est vrai que l'agriculture égyptienne connaît un grand succès pendant l'Antiquité en raison d'une combinaison de facteurs géographiques favorables, au premier rang desquels on peut citer la fertilité du sol résultant des inondations annuelles du Nil. Les Égyptiens sont donc en mesure de produire une nourriture abondante ce qui permet à la population de consacrer plus de temps et de ressources aux activités culturelles, technologiques et artistiques. Le rendement des terres est alors d'autant plus crucial que les taxes sont basées sur la superficie des terres appartenant à un individu86.
L'agriculture de l'Égypte est largement tributaire du cycle du Nil. Selon les Égyptiens, l'année se divise suivant trois saisons : Akhet (la saison des inondations), Péret (la saison des plantations) et Chémou (la saison des récoltes). Lors de la saison des inondations, qui dure de juin à septembre, se déposent sur les rives du fleuve une couche de minéraux riches en limon, idéale pour la croissance des cultures. Après le retrait des eaux de la crue, les agriculteurs labourent et plantent les graines dans les champs. La végétation entame alors sa période de croissance qui s'étend d'octobre à février. En raison de la faiblesse des précipitation en Égypte, les champs sont irigués par des fossés et des canaux communiquant avec le Nil87. De mars à mai, les agriculteurs utilisent des faucilles pour récolter leurs cultures qui sont ensuite battues avec un fléau pour séparer la paille du grain. À l'issue de cette opération de vannage, le grain est ensuite broyé en farine, brassé pour fabriquer la bière ou stocké pour un usage ultérieur88.
Les Égyptiens cultivent l'amidonnier, l'orge et plusieurs autres céréales qui sont toutes utilisées pour produire les deux denrées de base que sont le pain et la bière89. Arraché avant que la floraison ne commence, le lin cultivé est cultivé pour ses tiges fibreuses. Ces fibres sont séparées sur toute leur longueur, puis filées pour être ensuite utilisées pour tisser des vêtements et des draps en toile de lin. Le papyrus qui pousse sur les rives du Nil est utilisé dans la fabrication de papier. À proximité des habitations et sur des terrains plus élevés, des fruits et des légumes sont cultivés dans des parcelles de jardin qui sont arrosées manuellement. Parmi les fruits et légumes cultivés, on retrouve notamment des poireaux, de l'ail, des melons, des courges, des légumes secs, de la laitue, du raisin pour le vin90.
Ressources naturelles
L'architecture égyptienne est riche en pierres décoratives, en cuivre, en or, en minerais de plomb et en pierres semi-précieuses. Ces ressources naturelles permettent aux Égyptiens de construire des monuments, de sculpter des statues, de fabriquer des outils et des bijoux de mode91. Les embaumeurs utilisaient des sels du ouadi Natroun pour la momification, qui fournissent également le gypse nécessaire pour faire du plâtre92. Des formations rocheuses riches en minerais se trouvent dans les oueds inhospitaliers du désert d'Arabie et du Sinaï, ce qui nécessite l'organisation de grandes expéditions contrôlées par l'État afin d'y accéder sans encombre. Il y avait de nombreuses mines d'or en Nubie et l'une des premières cartes connues est celle d'une mine d'or de cette région. Le ouadi Hammamat est alors une source importante de granit, de grauwacke et d'or. Le silex est le premier minéral recueilli et utilisé pour fabriquer des outils. Par ailleurs, les bifaces en silex sont les plus anciennes preuves d'habitation de la vallée du Nil. Des nodules du minérai sont soigneusement taillés en flocons pour faire des lames et des pointes de flèches à dureté et à durabilité modérées, même après que le cuivre est adopté pour les mêmes raisons93.
Les Égyptiens se servaient des dépôts de galène à Gebel Rosas pour lester leurs filets, pour leurs fils à plomb ou pour réaliser des figurines. Cependant, le cuivre est le métal le plus courant dans la fabrication d'outils dans l'Égypte antique. Le cuivre est fondu dans des fours à partir du minerai extrait de la malachite en provenance du Sinaï94. Les travailleurs recueillent l'or en lavant les sédiments alluvionnaires pour en extraire des pépites ou en broyant les minerais de quartzite aurifère. Les dépôts de fer trouvés en Haute-Égypte sont exploités durant la Basse Époque95. Les pierres de construction de haute qualité sont abondantes en Égypte : le calcaire est charié le long de la vallée du Nil, le granit est extrait d'Assouan et tant le basalte que le grès proviennent des oueds du désert d'Arabie. Les gisements de pierres de décoration tels que le porphyre, grauwacke, l'albâtre ou la cornaline parsement le désert d'Arabie et sont recueillis avant même l'avénement de la première dynastie. Durant les périodes ptolémaïque et romaine, les mineurs travaillent dans les gisements d'émeraudes du ouadi Sikait et d'améthyste du ouadi el-Hudi96.
Langue
Historique
langue égyptienne





r n kmt
L’égyptien ancien est une langue afro-asiatique étroitement liée aux langues berbères et sémitiques97. C’est la langue ayant eu la plus longue existence, écrite de -3200 au Moyen âge. Cette langue connut plusieurs périodes : l’ancien égyptien, le moyen égyptien (ou égyptien classique), le néo-égyptien, le démotique et le copte98. Les modes d’écritures égyptiennes ne montrent pas de différences avant le copte, mais cette langue aurait connu des dialectes régionaux autour de Memphis et plus tard de Thèbes99.
L'égyptien ancien est une langue synthétique mais devenu plus tard une langue isolante. Le néo-égyptien créa des articles définis et indéfinis qui remplacent les anciens cas. Il y a un changement de l'ancien ordre des mots verbe-sujet-objet pour celui sujet-verbe-objet100. Les écritures hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques furent remplacées par l'alphabet copte plus phonétique. Le copte est encore utilisé dans la liturgie de l'Église copte orthodoxe, et des traces de celui-ci se retrouvent encore aujourd’hui dans l’arabe égyptien101.
[modifier] Sons et grammaire
L’ancien égyptien possède 25 consonnes similaires à celles des autres langues afro-asiatiques. Il s'agit notamment de consonnes pharyngales, emphatiques, fricatives et affriquées. Il a trois voyelles longues et trois courtes, mais leur nombre a augmenté dans les périodes tardives jusqu’à neuf102. Les mots de base de l’égyptien, comme le sémitique et le berbère, sont les trilitères ou des bilitères de consonnes et semi-consonnes. Des suffixes leurs sont ajoutés pour former les mots. La conjugaison des verbes correspond à la personne. Par exemple, le squelette triconsonnantique S-Ḏ-M est le noyau sémantique du mot « entendre » ; sa conjugaison de base est sḏm=f (« il entend »). Si le sujet est un nom, le suffixe n’est pas ajouté au verbe103 sḏm ḥmt(« la femme entend »).
Les adjectifs sont des dérivés de noms à travers un processus que les égyptologues appellent nisbation en raison de sa similitude avec l’arabe104. L'ordre des mots est prédicat-sujet dans les phrases verbales et adjectivales, et sujet-prédicat dans les phrases nominales et adverbiales105. Le sujet peut être déplacé vers le début de la phrase si elle est longue, et il est suivi par un pronom résurgent106. Pour les verbes et les noms la négation est indiquée par la particule n, mais nn est utilisé pour les phrases adverbiales et adjectivales. L’accent tonique est placé sur la syllabe finale ou l’avant-dernière, qui peut être ouverte (CV) ou fermée (CVC)107.
Écritures
La Pierre de Rosette (-196) a permis aux linguistes de commencer le processus de déchiffrement des hiéroglyphe108.
L’apparition de l’écriture hiéroglyphique date du XXXIIe siècle av. J.-C.. C’est une écriture composée d’environ 500 symboles pouvant représenter un mot, un son, ou un déterminant, le même symbole peut avoir plusieurs usages dans des contextes différents. Les hiéroglyphes étaient une écriture formelle, utilisée sur les monuments de pierre et dans les tombes, qui pouvaient être aussi détaillés que de simples œuvres d'art. Pour l’usage courant, les scribes utilisaient une forme d'écriture cursive, appelée hiératique, qui était plus rapide et plus facile à écrire. Alors que les hiéroglyphes pouvaient être écrits en lignes ou en colonnes dans les deux sens (mais en général de droite à gauche), les hiératiques sont toujours écrit de droite à gauche, habituellement horizontalement. Une nouvelle forme d'écriture, le démotique, apparut et s'imposa, toujours avec les hiéroglyphes.
Autour du Ier siècle, l'alphabet copte a commencé à être utilisé parallèlement à l’écriture démotique. Il est basé sur le grec avec l'ajout de certains signes démotiques109. Bien que les hiéroglyphes demeurent utilisés dans un rôle protocolaire jusqu'au IVe siècle, seuls quelques prêtres pouvaient encore les lire. La dissolution des centres religieux traditionnels fit perdre définitivement la connaissance de l'écriture hiéroglyphique. Les tentatives visant à les déchiffrer aux époques byzantines 110 et islamiques111 furent vains. Ce n’est qu’en 1822, après la découverte de la Pierre de Rosette et des années de recherche de Thomas Young et de Jean-François Champollion que les hiéroglyphes furent presque entièrement déchiffrés112.
Littérature
Le papyrus chirurgical Edwin Smith (XVIe siècle av. J.-C.) écrit en hiératique et décrivant l'anatomie du corps humain et des traitements.
L'écriture est apparu avec la royauté sur les titulatures et les étiquettes des objets trouvés dans des tombes royales. Ce fut surtout l’occupation des scribes, qui travaillaient dans la Per Ankh ou Maison de Vie. Celle-ci comprend des bureaux, une bibliothèque (Maison des livres), des laboratoires et des observatoires113. Quelques-unes des plus célèbres œuvres de la littérature égyptienne antique, comme les textes des Pyramides ou les textes des sarcophages, ont été écrites en égyptien classique, qui continue à être la langue de l'écriture jusqu’au XIVe siècle av. J.-C.. L’égyptien parlé à partir du Nouvel Empire sert alors de langue d’écriture dans les documents administratifs ramessides, la poésie amoureuse et des contes, ainsi que dans le démotique et les textes coptes. Pendant cette période, la tradition de l'écriture a évolué dans les autobiographies des tombeaux comme ceux de Hirkhouf et d’Ouni. Le genre des Instructions a été développé pour communiquer les enseignements et les conseils de nobles célèbres ; le papyrus d'Ipuwer, poème de lamentations décrivant les catastrophes naturelles et les bouleversements sociaux en est un exemple célèbre.
Le Conte de Sinouhé, écrit en moyen égyptien, pourrait être l’œuvre la plus repandue de la littérature égyptienne114. Le papyrus Westcar, série d'histoires racontées à Khéops par ses fils à propos de merveilles réalisées par des prêtres, fut écrit dans la même période115. Les Instructions d’Aménémopé sont considérées comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature du Proche-Orient. 116. Vers la fin du Nouvel Empire, la langue vernaculaire était plus souvent employée pour écrire des œuvres populaires comme l’Histoire d'Ounamon ou les Instructions d’Any. Le premier raconte l'histoire d'un noble qui part pour acheter des cèdres du Liban, se fait voler sur son chemin et lutte pour rentrer en Égypte. Depuis le XIIIe siècle av. J.-C., les récits des histoires et des instructions, telles que les populaires Instructions d'Onchsheshonqy ainsi que des documents personnels et professionnels furent écrits en écriture démotique. Beaucoup d'histoires écrites en démotique au cours de la période gréco-romaine ont été situées dans des époques historiques antérieures, lorsque l'Égypte était une nation indépendante gouvernée par de grands pharaons tel Ramsès II117.
Culture
Vie quotidienne
Les anciens Égyptiens maintenu un patrimoine culturel riche et complet avec des fêtes et festivals accompagnés de musique de danse.
La plupart des anciens Égyptiens étaient des paysans attachés à leurs terres. N’habitaient dans la même maison que les membres immédiats d’une famille. Ces maisons étaient construites en briques crues, conçues pour laisser la maison fraîche durant les chaudes journées. Chaque maison possédait une cuisine avec un toit ouvert, qui contenait une meule pour moudre la farine et un petit four pour cuire le pain118. Les murs étaient peints en blanc et pouvaient être couverts de tentures de lin teints. Les planchers étaient couverts de nattes de roseau, tandis que des tabourets en bois, des planches surélevées du plancher et des tables individuelles formaient le mobilier119.
Les anciens Égyptiens donnaient une grande importance à l’hygiène et à l’apparence. La plupart se baignaient dans le Nil et utilisaient un savon pâteux à base de graisse animale et de craie. Les hommes rasaient tout leur corps pour la propreté, et des parfums aromatiques et des onguents couvraient les mauvaises odeurs120. Les vêtements étaient fabriqués à partir de draps de lin blanc simple qui ont été blanchis, et les hommes et les femmes riches portaient des perruques, bijoux et cosmétiques. Les enfants vivaient sans vêtements jusqu'à la puberté, à environ 12 ans. À cet âge les garçons étaient circoncis et avaient la tête rasée. Les mères avaient la responsabilité de prendre soin des enfants tandis que le père assurait un revenu à la famille121.
L'alimentation de base se composait de pain et de bière, complétés avec des légumes comme les oignons et l'ail, et des fruits tels que les dattes et les figues. Le vin et la viande étaient appréciés les jours de fête tandis que les classes supérieures en consommaient plus régulièrement. Les poissons, la viande et la volaille pouvaient être salés ou séchés, étaient cuits en ragoût ou rôtis sur une grille122. La musique et la danse faisaient partie des fêtes pour ceux qui pouvaient se le permettre. Les instruments étaient la flûte et la harpe mais la trompette et le hautbois se sont répandus plus tard. Au Nouvel Empire, les Égyptiens utilisaient la cloche, les cymbales, le tambourin et le tambour et importèrent d’Asie le luth et la lyre123. Le sistre était particulièrement utilisé lors des cérémonies religieuses.
Les anciens Égyptiens avaient une grande variété d'activités de loisirs, notamment les jeux et la musique. Le senet, jeu de société où l’on faisait avancer des pions au hasard, était particulièrement populaire depuis la plus haute époque, ainsi que le mehen qui possédait un plateau circulaire. Jongleries et jeu de balles étaient populaires auprès des enfants, et une scène de lutte est représentée dans une tombe de Beni Hassan124. Les membres les plus riches de la société égyptienne antique aimaient la chasse et la navigation de plaisance.
La fouille du village des travailleurs de Deir el-Médineh a permis de mieux comprendre la vie quotidienne des Égyptiens sur près de quatre cents ans. On ne connait aucun site où l'organisation, les interactions sociales, le travail et les conditions de vie d'une communauté ont put être mieux analysées125.
Architecture
L’architecture de l'Égypte antique comprend certains des monuments les plus célèbres au monde comme les pyramides de Gizeh et les temples de Thèbes. Les projets de constructions étaient organisés et financés par l'État à des fins religieuses ou commémoratives, mais aussi pour renforcer le pouvoir du pharaon. Les anciens Égyptiens étaient des constructeurs qualifiés, utilisant des outils simples mais efficaces et des instruments d'observation. Les architectes pouvaient construire de grands bâtiments de pierre avec exactitude et précision126.
Les habitations des Égyptiens, de haute comme de basse condition, étaient construites avec des matériaux périssables comme des briques crues ou du bois et n'ont pas survécu. Les paysans vivaient dans des maisons simples, tandis que les palais des élites avaient une structure plus élaborée. Les restes de quelques palais du Nouvel Empire, comme que ceux de Malqata et de Tell el-Amarna, montrent des murs et des plafonds richement décorés avec des scènes de personnages, d’oiseaux, de bassins, de divinités et de dessins géométriques127. D’importantes structures telles que les temples et les tombes qui étaient destinés à durer éternellement ont été construits en pierre et non en briques. Les éléments architecturaux utilisés dans le premier monument en pierre de grande ampleur bâti au monde, le complexe funéraire de Djéser, comprennent notamment des architraves décorées de motifs de papyrus et de lotus.
Les plus anciens temples égyptiens conservés, tels que ceux de Gizeh, étaient composés de salles simples couvertes avec des dalles de pierre soutenues par des colonnes. Au Nouvel Empire, les architectes ont construit des pylônes devant des cours à ciel ouvert, et des salles hypostyles à l’entrée du sanctuaire du temple selon une coutume qui perdurera jusqu'à l'époque gréco-romaine128. La première forme de tombeau durant l'Ancien Empire était le mastaba, structure de plate-forme rectangulaire couverte de briques ou de pierre, construit au dessus d’une chambre funéraire souterraine. La pyramide à degrés de Djéser est une série de mastabas en pierre empilés les uns sur les autres. Des pyramides ont été ensuite construites durant l'Ancien et du Moyen Empire, mais plus tard, les dirigeants les ont abandonnées en faveur d’hypogées creusés dans le roc129.
Art égyptien
L'un des chefs-d'œuvre de l'art égyptien : le buste de Néfertiti, sculpté par Thoutmôsis.
Pendant plus de 3500 ans, les artistes Égyptiens adhèrent aux différentes formes artistiques et à l'iconographie développées sous l'Ancien Empire. Celles-ci suivent un ensemble strict de principes qui ont résisté à l'influence étrangère et aux bouleversements internes130. L'art de l'Égypte antique est ainsi caractérisé par une idée d'ordre : des lignes claires et simples, associées à des formes pures et des aplats de couleur. Ignorant les perspectives, les artistes utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux, des projections planes sans aucune notion de profondeur spatiale. L'iconographie et les textes sont intimement imbriqués sur les tombes et sur les murs des temples, des cercueils, des stèles et même des statues. Par exemple, la palette de Narmer dépeint des visages qui peuvent également être lus comme des hiéroglyphes131. En raison de la rigidité des règles qui régissent son aspect hautement stylisé et symbolique, l'art égyptien antique servait son rôle politique et religieux avec précision et clarté132. En effet, l'iconographie reflète l'importance sociale, religieuse et politique des personnages représentés. La hauteur des personnages dépendait, par exemple, de leur rôle dans la société : les plus importants étaient les plus grands. Ainsi, le pharaon est toujours représenté comme l'humain le plus grand et les dieux sont plus ou moins imposants selon la puissance qui leur est attribuée.
Les artisans égyptiens sculptent la pierre pour en faire des statues et des bas-reliefs. Ils utilisent aussi parfois le bois utilisé comme un substitut abordable et facile à tailler. Les peintures sont obtenues à partir de minéraux tels que les minerais de fer (ocres rouge et jaune), les minerais de cuivre (bleu et vert), de suie ou de charbon de bois (noir) et de calcaire (blanc). Afin de permettre une utilisation ultérieure, elle peut aussi être mélangée avec de la gomme arabique qui sert de liant pour presser les couleurs sous forme de gâteaux133. Les pharaons commandent la réalisation de bas-reliefs à l'occasion de victoires militaires, d'arrêtés royaux ou de fêtes religieuses. Les citoyens ordinaires ont le droit d'acquérir des pièces d'art funéraire, telles que des statues ouchebtis ou des livres des morts qui, selon eux, les protègeraient dans l'au-delà134. Au cours du Moyen Empire, l'ajout de modèles en bois ou en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne devient commun dans les tombes. Dans une tentative de dupliquer les activités des vivants dans l'au-delà, ces modèles montrent des ouvriers, des maisons, des bateaux et même des formations militaires qui sont des représentations à l'échelle de l'au-delà idéal chez les Égyptiens135.
Malgré l'homogénéité de l'art égyptien antique, le style de certaines époques ou de certains lieux reflète parfois les changements culturels ou politiques. Ainsi, par exemple, après l'invasion des Hyksôs pendant la deuxième période intermédiaire, les fresques à Avaris, de style minoen, sont peintes. L'exemple le plus frappant d'un changement politique qui apparaît dans les formes artistiques provient de la période amarnienne où les visages sont radicalement changés afin de se conformer aux idées religieuses révolutionnaires d'Akhénaton. Ce style, connu sous le nom d'art amarnien, est rapidement et complètement effacé après la mort d'Akhénaton et remplacé par des formes traditionnelles.
Croyances religieuses
Le livre des morts est un guide pour le voyage du défunt dans l'au-delà.
La croyance en l'existence des dieux et de l'au-delà est profondément ancrée dans la civilisation égyptienne antique et ce, depuis le début, dans la mesure où le pharaon tient son pouvoir du droit divin. Le panthéon égyptien est ainsi peuplé de divinités aux pouvoirs surnaturels auxquels il était fait appel pour obtenir aide et protection. Pour autant, toutes les divinités égyptiennes n'étaient pas nécessairement bienveillantes et les Égyptiens croient donc qu'elles doivent être apaisées grâce à des offrandes et des prières. La structure de ce panthéon change continuellement à mesure que de nouvelles divinités sont promues dans la hiérarchie. Cependant, les prêtres ne font aucun effort pour organiser les différents mythes de la création, qui sont parfois contradictoires, au sein d'un système cohérent136. Ces diverses conceptions de la divinité ne sont pas considérées comme contradictoires, mais plutôt comme les multiples facettes de la réalité137.
Les divinités sont vénérées dans des temples administrés par des prêtres agissant pour le compte du pharaon. Au centre du temple se trouve le sanctuaire dans lequel est placée la statue de la divinité. Les temples ne sont pas des lieux de culte ouvert au public et, à de très rares occasions, lors de jours de fête religieuse, la statue du dieu est portée à l'extérieur du temple pour permettre à la population de lui rendre hommage. En temps normal, le domaine divin est isolé du monde extérieur et uniquement accessible aux responsables du temple. Les citoyens ordinaires peuvent néanmoins vénérer des statues dans leurs maisons et offrir des amulettes de protection contre les forces du chaos138. Après le Nouvel Empire, le rôle du pharaon en tant qu'intermédiaire spirituel s'estompe au profit d'une adoration directe des dieux ce qui mène au développement d'un système d'oracles pour que la volonté des dieux soit directement communiquée au peuple139.
Les Égyptiens croient que chaque être humain est composé d'éléments physiques et spirituels. En plus de son corps, chaque personne possède ainsi une ombre (šwt), une personnalité ou une âme (bâ), une force vitale (ka) et un nom140. Le cœur, plus que le cerveau, est considéré comme le siège des pensées et des émotions. Après la mort, les éléments spirituels de la personne sont libérés de l'enveloppe charnelle et peuvent alors se déplacer à volonté. Pour cela, ils ont cependant besoin que leurs restes funéraires, ou qu'un substitut comme une statue, soient préservés pour agir comme un foyer permanent. Le but ultime de la personne décédée est de rejoindre son ka et son bâ pour devenir un « mort bienheureux », qui survit sous la forme d'un akh. Pour que cela se produise, le défunt doit être jugé digne lors d'un procès où le cœur est mis en balance avec une « plume de vérité ». Si la personne est jugée digne, elle pourra alors continuer son existence sur terre sous une forme spirituelle141.
Les Égyptiens de l'Antiquité cherchent par ailleurs à interpréter tous les phénomènes qu'ils peuvent observer par le prisme de leur croyance séculaire. La notion la plus importante pour eux est celle de cycle, que ce soit le cycle du jour avec le soleil renaissant chaque matin, le cycle des années avec l'inondation annuelle qui pouvait être source de joie comme de malheurs (en cas de trop faible ou trop forte crue du Nil), ou encore le cycle de la vie avec les naissances qui succèdent aux morts.
Rites funéraires
Masque d'or du pharaon Toutânkhamon, chef-d'œuvre du mobilier funéraire égyptien.
Les anciens Égyptiens avaient un ensemble complexe de coutumes funéraires qu’ils jugeaient nécessaires pour assurer l'immortalité après la mort. Ces coutumes avaient pour but de préserver les cadavres par la momification, d’accomplir les cérémonies d'inhumation et enterrer, avec le corps, les objets destinés à être utilisés par le défunt dans l'au-delà134. Avant l’Ancien Empire, les corps enterrés dans des fosses au désert ont été préservés naturellement par dessiccation. Les zones arides et désertiques ont continué d'être une aubaine durant toute l’Égypte antique pour les sépultures des pauvres, qui ne pouvaient pas se permettre les préparatifs funéraires élaborés à la disposition des élites. Les Égyptiens aisés ont commencé à enterrer leurs morts dans des tombes en pierre et, en conséquence, ils ont fait usage de la momification artificielle, qui consistait à enlever les organes internes, envelopper le corps de toile, et l'enterrer dans un sarcophage rectangulaire en pierre ou dans un cercueil en bois. Depuis la IVe dynastie, les organes furent conservés séparément dans les vases canopes142.
Au Nouvel Empire, les Égyptiens avaient perfectionné l'art de la momification. Pour les meilleures momifications, ils enlevaient les organes internes dont le cerveau par le nez, et desséchaient le corps dans un mélange de sels appelés natron. Le corps était ensuite enveloppé de bandelettes de lin avec des amulettes protectrices insérées entre les couches et placé dans un cercueil anthropomorphe décoré. Les momies des époques tardives ont été munies d’un masque en cartonnage peint. L’usage de la momification a diminué au cours des époques ptolémaïque et romaine mais l'aspect extérieur fut privilégié143.
Les riches Égyptiens ont été enterrés avec de nombreux objets de luxe, mais tous les enterrements, quel que soit le statut social, incluaient des biens pour le défunt. Dès le Nouvel Empire, le livre des morts était placé dans la tombe avec des ouchebti, statues destinées à travailler pour le défunt dans l'au-delà144. Des rituels dans lesquels le défunt est ranimé par magie accompagnaient l'enterrement. Après celui-ci, les parents vivants étaient censés apporter occasionnellement des aliments au tombeau et réciter des prières au nom de la personne décédée145.
Armée
Un char de guerre égyptien.
L'armée égyptienne antique avait pour but de défendre l'Égypte contre les invasions étrangères, et maintenir la domination égyptienne dans le Proche-Orient ancien et la Nubie. L’armée protégeait les mines du Sinaï au cours de l'Ancien Empire et combattit lors des guerres civiles des première et deuxième périodes intermédiaires. Les militaires surveillaient les principales routes commerciales grâce à des fortifications comme celles qu'on trouve dans la ville de Bouhen sur le chemin de la Nubie. Ces forts servaient aussi de bases militaires, comme la forteresse de Sile, base d'opérations pour des expéditions vers le Levant. Au Nouvel Empire, les pharaons utilisèrent une armée de métier pour attaquer et conquérir Koush et le Levant146.
L'équipement militaire comprenait des arcs et des flèches, un bouclier de cuir avec une armature en bois au sommet arrondi. Le Nouvel Empire vit l’introduction des chars utilisés précédemment par les envahisseurs Hyksôs. Armes et armures ont continué à s'améliorer après l'adoption du bronze : les boucliers furent désormais fabriqués en bois massif avec une boucle en bronze, les lances ont été équipées d’une pointe en bronze et la Khépesh a été adoptée par les soldats asiatiques147. Le pharaon était généralement représenté dans l'art et la littérature chevauchant à la tête de l'armée, et il est prouvé que quelques uns le firent, tels Séqénenrê Taâ II et Ahmôsis Ier148. Les soldats étaient généralement recrutés dans la population, mais le Nouvel Empire et les époques ultérieures ont vu des mercenaires nubiens, kouchites ou libyens149.
Sciences et technologies
En technologie, médecine et mathématique, les Ègyptiens atteignirent un niveau relativement élevé de productivité et de sophistication. Le traditionnel empirisme, comme en témoigne les papyrus Edwin Smith et Ebers (vers -1600), est d'abord crédité en Égypte, et les racines de la méthode scientifique peuvent aussi être retrouvées chez les anciens Égyptiens[réf. nécessaire]. Les Égyptiens ont créé leur propre alphabet et le système décimal
La faïence et le verre
Même avant l'Ancien Empire, les anciens Égyptiens avaient développé un matériau vitreux, connu sous le nom de faïence, qu'ils utilisaient comme une pierre précieuse semi-artificielle. La faïence est une céramique faite non d’argile mais de silice avec une petite quantité de chaux vive et de soude, ainsi qu’un colorant, généralement du cuivre150. Elle était utilisée pour faire des perles, des tuiles, des figurines et des articles de mercerie. Plusieurs méthodes pouvaient être utilisées pour fabriquer de la faïence, mais la plus courante était de mélanger les composants en poudre dans une pâte et de la glisser dans un moule d’argile ensuite retiré. Par une technique proche, les anciens Égyptiens produisirent un pigment appelé bleu égyptien ou fritte de bleu, qui est produit par la fusion (ou agglomération) de silice, de cuivre, de chaux et d'un alcalin tel le natron. Le produit peut être broyé et utilisé comme pigment151.
Les anciens Égyptiens pouvaient fabriquer une grande variété d'objets à partir de verre avec beaucoup d'habileté, mais ont ne sait pas s'ils développèrent le système de manière indépendante152. Il est également difficile de savoir si les pièces ont été faites directement à partir de verre brut créé sur place ou de lingots importés. Toutefois, ils possèdent une expertise technique dans la fabrication d'objets, ainsi que l'ajout d'oligo-éléments pour contrôler la couleur du verre fini. Une gamme de couleurs, pouvaient être produites, dont le jaune, le rouge, le vert, le bleu, le pourpre et le blanc, et le verre peut-être soit transparent soit opaque153.
Médecine
Instruments médicaux égyptiens représentés dans un bas relief du temple de Kôm Ombo.
Les problèmes médicaux des anciens Égyptiens découlaient directement de leur environnement. Vivre et travailler à proximité du Nil expose aux risques de maladies parasitaires telles que le paludisme et la bilharziose ainsi qu'aux animaux sauvages tels les crocodiles et les hippopotames. Les travaux agricoles et de construction usaient les colonnes vertébrales et les articulations, et les blessures liées aux constructions et à la guerre affectaient leurs organismes. Le gravier et le sable, contenus dans la farine moulue sous la pierre, usaient les dents, les laissant vulnérables aux abcès même si les caries étaient rares154.
L'alimentation des riches était très sucrée, favorisant les parodontites155. Malgré le physique flatteur représenté sur les murs des tombes, les momies des personnages aisés montrent généralement un surpoids important lié à une vie d'excès156. L’espérance de vie des adultes était d'environ 35 ans pour les hommes et de 30 pour les femmes, mais il était difficile d'atteindre l'âge adulte, environ un tiers de la population mourant dans l'enfance157.
Les médecins de l'Égypte antique étaient renommés dans le Proche-Orient ancien pour leurs capacités de guérison, et certains, comme Imhotep, sont restés célèbres longtemps après leur mort158. Hérodote a remarqué que les médecins égyptiens étaient très spécialisés, certains ne traitant uniquement que les maux de tête ou de ventre, tandis que d'autres étaient oculistes ou dentistes159. La formation des médecins était effectuée dans les Per Ânkh ou « maison de vie », les plus célèbres étant celles de la Bubastis au Nouvel Empire et à Abydos et Saïs durant la Basse époque. Les papyrus médicaux montrent des connaissances empiriques en anatomie, sur les blessures et les traitements pratiques160.
Les plaies étaient traitées par des bandages pouvant utiliser de la viande crue, du linge blanc, des point de suture, des filets, des compresses ou des tampons imbibés de miel pour prévenir l'infection161 tandis que l'opium était utilisé pour soulager la douleur. L’aïl et les oignons ont été régulièrement utilisés pour favoriser une bonne santé et pour soulager l’asthme. Les chirurgiens savaient recoudre les plaies, réparer les fractures, et amputer les malades, mais pour les blessures les plus graves ils ne pouvaient que soulager les patients jusqu'à leur mort162.
Construction navale
Dès -3000, les Égyptiens savaient assembler des coques de navires en bois. L'égyptologue David O’Connor de l’Archaeological Institute of America découvrit un groupe de 14 navires anciens à Abydos construits avec des planches en bois « cousues » ensemble163 par des sangles tissées afin de les lier163 ainsi que du papyrus et de l’herbe pour calfater les jointures des planches163. Ils furent découverts près du tombeau du pharaon Khâsekhemoui163, ce qui laisse croire qu’ils lui aurait appartenu mais l’un a été daté de -3000163 et des jarres de poterie enterrées avec les vaisseaux suggèrent une datation antérieure163. Ce navire mesure 33 mètres de long 163 et l'on pense maintenant qu'il a appartenu à un ancien pharaon163, peut être Hor-Aha163.
Les anciens Égyptiens savaient aussi comment assembler des planches de bois avec des chevilles pour les attacher ensemble, en utilisant de la poix pour le calfeutrage des coutures. La barque de Khéops, un navire de 43,6 mètres scellé dans une fosse du complexe funéraire de Khéops au pied de la Grande Pyramide de Gizeh lors de la IVe dynastie autour de -2500, est le seul exemple grandeur nature qui nous est resté d'une barque solaire symbolique. Les anciens Égyptiens savaient aussi comment attacher les planches de ce navire grâce à des tenons163. En dépit de leur capacité à construire des navires entièrement à voile pour naviguer sur le Nil, facilement navigable, ils n'étaient pas connus pour être bons marins et ne se livrèrent pas à une navigation entièrement à voile généralisée dans la Méditerranée ou la mer Rouge.
Mathématiques
Les premiers exemples attestés de calculs mathématiques datent de l’époque prédynastique de Nagada, et possèdent un système de numération assez développé164. L'importance des mathématiques dans l’éducation égyptienne est suggérée par une fiction du Nouvel Empire dans laquelle l'auteur propose un concours scolaire entre lui et un autre scribe concernant des tâches de calcul de tous les jours tels que la comptabilité de la terre, du travail et du grain165. Des textes comme le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou montrent que les anciens Égyptiens pouvaient effectuer les quatre opérations mathématiques de base (addition, soustraction, multiplication et division), utilisaient les fractions, calculaient les volumes des boîtes et des pyramides et la surfaces des rectangles, des triangles, des cercles et même des sphères. Ils ont compris les concepts de base de l’algèbre et de la géométrie, qui permettraient de résoudre des simples systèmes d'équations166.
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La numération était décimale et basée sur des signes hiéroglyphiques pour chaque puissance de dix jusqu’à un million. Chacun d'eux pouvait être écrit autant de fois que nécessaire pour les ajouter jusqu’à obtenir le nombre désiré. Ainsi pour écrire les nombres quatre-vingts ou huit cents, on écrivait huit fois les symboles de dix ou de cent167. Mais leur système d’écriture ne pouvait écrire les fractions avec un numérateur supérieur à un, elles ont donc dû être écrites comme la somme de plusieurs fractions. Par exemple, deux cinquièmes était écrit comme la somme de un tiers et un quinzième168. Quelques fractions simples ont été toutefois écrites avec un glyphe spécial comme les deux tiers affiché ci-dessus169.
En géométrie, les mathématiciens égyptiens avaient une bonne connaissance des principes qui sous-tendent le théorème de Pythagore, sachant, par exemple, qu'un triangle a un angle droit en face de l'hypoténuse lorsque ses côtés se trouvaient dans un ratio 3-4-5170. Ils ont été en mesure d'estimer l’aire d'un cercle en soustrayant un neuvième au carré du diamètre soit qui vaut aussi soit une approximation de πr2170,171.
Le nombre d'or semble se retrouver dans de nombreuses constructions égyptiennes, y compris les pyramides, mais son utilisation n’a peut être été qu’une conséquence involontaire de la pratique de combiner l'utilisation des cordes à nœuds avec un sens intuitif des proportions et de l'harmonie172.

L'Empire Zoulou

SOMMAIRE
1 Histoire
1.1 Les origines
1.2 Le Royaume zoulou
1.3 Guerre contre les Anglais
1.4 Colonisation
1.5 Les années de l’Apartheid
1.5.1 Le Bantoustan du KwaZulu
1.5.2 Inkatha Freedom Party
1.5.3 Violence politique
2 Les Zoulous aujourd'hui
3 Culture
3.1 Langue
3.2 Musique
3.3 L'habillement
3.4 La religion et les croyances


1 Fondation et apogée
1.1 La création du royaume Zoulou par Chaka
1.2 L’ascension sanglante de Dingane
1.3 Affrontement avec les Voortrekkers et l’ascension de Mpande
1.4 L’avènement de Cetshwayo
2 La fin du Royaume
2.1 Guerre Anglo-Zouloue
2.2 Division et la mort de Cetshwayo
2.3 Dinuzulu et les mercenaires Boer
2.4 L’exil de Solomon et sa descendance


Les Zoulous sont un peuple d'Afrique Australe en partie sédentarisé ; cette ethnie se trouve en Afrique du Sud.
Le peuple zoulou (son nom vient de l’expression ama zoulou le peuple du ciel) fut unifié par le roi Chaka, qui fit de son clan de 1 500 personnes une nation redoutable par la conquête et l'assimilation. L'unification zouloue est en partie responsable du mfecane, la vague chaotique d'émigration de clans au-delà des rivières Tugela et Pongola, nouvelles limites du KwaZulu.
Reconnus pour leur armée formidable (le impi), les Zoulous se heurtent aux colons boers et à l'armée britannique au XIXe siècle (noter la victoire zouloue à la bataille d'Isandhlwana pendant la guerre anglo-zouloue de 1879). La majeure partie des Zoulous aujourd'hui sont cultivateurs, mais l'urbanisation en a attiré un grand nombre au cours du XXe siècle. Les Zoulous urbains se trouvent principalement au Witwatersrand, zone minière dans la province de Gauteng comprenant Johannesburg ; et à Durban (dont le nom zoulou est eThekwini), port important du KwaZulu-Natal. La vannerie, la garniture de perles, et les chants zoulous sont célèbres.
Sur le plan politique, les Zoulous sont actuellement profondément divisés entre partisans du Congrès national africain (ANC) et ceux du Parti de la Liberté Inkatha (IFP). De violentes émeutes éclataient entre ces partis en attendant la première élection de l'après-apartheid. L'IFP l'a emportée au KwaZulu-Natal, mais son vote est légèrement en recul aux élections récentes. Depuis quelques années l'IFP s'est joint à une coalition d'unité avec l'ANC.

Histoire
La patrie d'origine des Zoulous semble se situer dans la région de la Tanzanie moderne. Leur présence en Afrique du Sud remonte au XIVe siècle. Tout comme les Xhosas qui se sont installés en Afrique du Sud au cours des vagues migratoires bantoues antérieures, les Zoulous ont assimilé de nombreux sons des langues san et khoï, celles des premiers habitants de la contrée. De ce fait, le zoulou et le xhosa ont préservé de nombreuses consonnes à clics (sons qu'on ne rencontre qu'en Afrique du Sud), en dépit de l'extinction de nombreuses langues san et khoï.
Le zoulou, comme toutes les langues indigènes d'Afrique du Sud, était une langue orale jusqu'à l'arrivée de missionnaires européens, qui l'ont transcrit en utilisant l'alphabet latin. Le premier document rédigé en zoulou fut une traduction de la Bible, parue en 1883. En 1901, John Dube, un zoulou du Natal, créa le Ohlange Institute, le premier établissement d'enseignement indigène d'Afrique du Sud.
Les origines
Les zoulous étaient à l’origine un clan mineur, fondé en 1709 par kaNtombhela Zoulou, dans ce qui est aujourd’hui le KwaZulu-Natal. Ils appartenaient au groupe des Nguni qui occupait la région. Les Nguni ont migré de la côte est de l’Afrique et se sont installés en Afrique du Sud aux alentours de 800 après J.-C.
Le Royaume zoulou
Les Zoulous créent en 1816 un puissant royaume sous le conquérant Chaka qui, doté comme ses prédécesseurs d'un large pouvoir sur la tribu, mène l'armée du puissant Empire Mweta, prend la suite de son mentor Dingiswayo et fait d'une confédération de tribu hétérogènes un empire sous l'hégémonie zouloue.
Guerre contre les Anglais
Le 11 décembre 1878, les Britanniques délivrèrent un ultimatum aux 14 chefs représentant Cetshwayo. Les clauses de l’ultimatum étaient inacceptables du point de vue du roi zoulou. Les forces britanniques traversèrent la rivière Thukela à la fin de décembre 1878. Le 22 janvier 1879, les zoulous défirent les Britanniques à la bataille d'Isandhlwana mais ils furent à leur tour sévèrement défaits le lendemain à Rorke's Drift. La guerre se termina finalement par la défaite zouloue le 4 juillet 1879 après de grandes difficultés pour les Anglais, l'armée zouloue se révélant tenace.
Colonisation
Guerriers zoulous de la fin du XIXe siècle
Après la capture de Cetshwayo un mois après la défaite, les Britanniques divisent le royaume zoulou en 13 potentats. Ces petits royaumes se combattent jusqu'à ce qu'en 1883 Cetshwayo soit réinstallé comme roi du Zululand. Les combats ne cessent pas et le roi est forcé de fuir son territoire par Zibhebhu, l'un des treize roitelets, soutenu par les mercenaires Boers. Cetshwayo meurt en février 1884, peut-être empoisonné, et son fils de quinze ans, Dinuzulu, lui succède. Les guerres intestines se poursuivent pendant des années, jusqu'à l'absorption définitive du Zululand dans la colonie du Cap.
Article détaillé : KwaZulu.
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Drapeau du Kwazulu
Sous l’Apartheid, le Bantoustan du KwaZulu (Kwa signifiant terre de) fut créé en 1970 sous le nom de Zululand (il prit son nom actuel en 1977). On prévoyait que tous les zoulous deviendraient citoyens du KwaZulu, perdant ainsi leur citoyenneté sud-africaine. La patrie ainsi créée était composée d’une multitude de terres éparses. Des centaines de milliers de zoulous vivant en dehors du KwaZulu furent dépossédés et furent déplacés par la force dans de moins bonnes terres. En 1993, environs 5,2 millions de zoulous vivaient dans le KwaZulu et environ 2 millions dans le reste de l’Afrique du Sud.[réf. nécessaire] Le ministre en chef du KwaZulu fut, de sa création en 1970 jusqu’en 1994, Mangosuthu Buthelezi. En 1994, la province du Natal fut rattachée au KwaZulu, le tout formant désormais, le KwaZulu-Natal.
Inkatha Freedom Party
En 1975, Buthelezi recréa le Inkatha YaKwaZulu, prédécesseur du Inkatha Freedom Party (ou IFP). Cette organisation était théoriquement un mouvement de protestation contre l’apartheid, mais plus conservatrice que l’ANC. Par exemple, Inkatha était opposé à la lutte armée et aux sanctions contre l’Afrique du Sud. Inkatha était à l’origine en bons termes avec l’ANC, mais les deux organisations entrèrent en opposition en 1979 suite aux émeutes de Soweto.
À cause de ses positions de plus en plus en faveur du gouvernement de l’apartheid, Inkatha fut la seule grande organisation reconnue comme représentative des opinions des noirs sud-africains par le gouvernement de l’apartheid : l’ANC et les autres mouvements furent bannis. À la différence des leaders du Transkei, du Ciskei, du Bophuthatswana et du Venda, Buthelezi n’a jamais accepté la pseudo-indépendance offerte lors de la politique du Separate Development, en dépit de fortes pressions de la part du gouvernement blanc.[réf. nécessaire]
Violence politique
Dès 1985, des membres de mouvements d’opposition s’engagèrent dans des luttes sanglantes. La violence politique apparut d’abord entre les membres du Inkatha et de l’ANC, ce qui donna lieu à des atrocités commises des deux côtés. On suppose qu’elles furent alimentées par le gouvernement de l’apartheid a travers une aide plus ou moins directe à l’Inkatha.[réf. nécessaire] Les violences continuèrent tout au long des années 80 et s’accentuèrent dans les années 90 lors des premières élections nationales de 1994.
Les Zoulous aujourd'hui
Le départ des hommes, obligés de s'en aller à la recherche d'un travail, a provoqué l'éclatement de la cellule familiale, sur laquelle reposait l'organisation sociale zouloue. Et la polygamie, qui était naguère la règle, est devenue l'exception : il est difficile dans les conditions économiques d'aujourd'hui d'entretenir plusieurs épouses.
Culture
Langue
La langue des Zoulous est le zoulou (ou encore "isiZulu", une langue bantoue (plus exactement, un sous-groupe Nguni. Le zoulou est la langue la plus parlée en Afrique du Sud où elle est une langue officielle. Plus de la moitié de la population est capable de la comprendre, avec plus de 9 millions de personnes dont c'est la langue maternelle et plus de 15 millions qui le parlent couramment. 1 Beaucoup de Zoulous parlent aussi l'anglais, le portugais, le tsonga,, le sotho et d'autres langues d'Afrique du Sud.
Musique
Siyahamba (Afrique du Sud, chant traditionnel zoulou). Certains affirment que les Zoulous ont développé une tradition vocale extraordinaire parce que, faute d'arbres de grande taille, ils ne pouvaient fabriquer d'instruments.[réf. nécessaire] Cette tradition a évolué, intégrant les chants religieux à quatre voix apportés par les colonisateurs européens. Siyahamba s'inscrit dans le courant des chants de dévotion a capella. Ses paroles signifient: "Nous marchons dans la lumière de Dieu".
La musique et la danse zouloues ont été mondialement diffusés notamment grâce aux reprises de chansons traditionnelles (comme Le lion est mort ce soir) et l'artiste international Johnny Clegg.
L'habillement
L'habillement traditionnel de l'homme est habituellement léger : un tablier en deux parties (semblable à un pagne) qui recouvre les parties génitales et les fesses. La pièce de devant est appelé umutsha, et est habituellement fait en peau de springbok ou d'un autre animal torsadée en bandes qui recouvre les parties génitales. La partie arrière qui est appelée ibheshu, est faite d'une pièce unique en peau de springbok ou d'un bovin. Sa longueur est habituellement un indicateur de l'âge et de la position sociale : les amabheshu (pluriel de ibheshu) les plus longs sont portés par les hommes âgés. Les hommes mariés portent aussi un bandeau, appelé le umqhele, qui est aussi fait en peau de springbok ou en cuir de léopard pour les hommes de haut rang social, comme les chefs. Les hommes portent aussi des bracelets et des chaînes aux chevilles appelés imishokobezi pendant les cérémonies et les rituels, comme les mariages et les danses.
La religion et les croyances
Fidèle zoulous dans une église apostolique africaine près de Oribi Gorge
La plupart des zoulous se réclament du christianisme. Quelques unes des églises auxquelles ils appartiennent sont l'African Initiated Church, en particulier la Zion Christian Church et diverses églises apostoliques, bien que l'appartenance aux principales églises européennes (l'Église réformée hollandaise, l'Église anglicane et le Catholicisme) est aussi assez répandu. Néanmoins, les zoulous gardent leurs croyances pré-coloniales du culte des ancêtres sous forme d'un syncrétisme avec le christianisme.
La religion zouloue possède un dieu créateur, Nkulunkulu, qui interagit aussi dans la vie quotidienne des humains, bien que cette croyance se révèle être le résultat des efforts des premiers missionnaires pour adapter le dieu chrétien à la culture zouloue. Traditionnellement, la croyance la plus forte chez les zoulous sont les esprits des ancêtres (Amatongo ou Amadhlozi), qui ont le pouvoir d'intervenir en bien ou en mal dans la vie des gens. Cette croyance perdure parmi la population zouloue.4
Sangomas zoulous (sorciers)
Pour communiquer avec le monde spirituel, le sorcier (sangoma) doit invoquer les ancêtres a travers un rituel de divination. Alors, un herboriste (inyanga) prépare une mixture à consommer (muthi) pour influencer les ancêtres. Les sorciers et les herboristes jouent un rôle important dans la vie quotidienne des zoulous. Néanmoins, il existe une différence entre le muthi blanc (umuthi omhlope), qui a des effets positifs, comme la guérison, la prévention ou la fin de la malchance, et le muthi noir (umuthi omnyama), qui peut apporter maladies et mort aux autres, ou une santé mal acquise à celui qui en use. Les pratiquants du muthi noir sont considérés comme de sorciers du mal et sont rejetés par la société.
Le christianisme a eu du mal à s'implanter dans la population zouloue, et l'a fait de manière syncrétique. Isaiah Shembe, considéré comme le messie zoulou, présente une forme de christianisme mélangé aux traditions locales.


Royaume zoulou

Le Royaume zoulou (parfois Empire zoulou), était un État du sud de l'Afrique correspondant à l'actuelle Afrique du sud. Fondé par Chaka, devenu une des grandes figures épiques de l'Afrique précoloniale, le royaume se fit également remarquer pour sa résistance tenace à l'invasion anglaise lors de la guerre anglo-zouloue.
Fondation et apogée
La création du royaume Zoulou par Chaka
Chaka (ou Shaka) était le fils illégitime de Senzangakona, alors chef des zoulous. Il est né en 1787. Sa mère, Nandi, a été bannie par Senzangakona et trouva refuge dans une autre tribu : les Mthethwas. Chaka servit sous Dingiswayo, chef des Mthethwa, en tant que guerrier. Il réforma l'art de la guerre dans la région et devint un stratège redoutable.
Quand Senzangakona mourut, Dinswayo aida Chaka à prendre la tête de la tribu zouloue. À la mort du roi des Mthethwas, Chaka pris sa succession et intégra le royaume au sien.
L’ascension sanglante de Dingane
Chaka fut tué en 1828, par ses deux demi-frères, Dingane et Mhlangana. Après l’assassinat, Dingane tua Mhlangana et s’empara du trône. L’une de ses premières mesures fut d’exécuter l’ensemble de la famille royale. La seule exception fut un autre demi-frère, Mpande qu’il considérait trop faible pour être une menace. Durant plusieurs années, il condamna à mort la plupart des anciens partisans de Chaka dans le but d’assurer sa suprématie.
Affrontement avec les Voortrekkers et l’ascension de Mpande
En octobre 1837, le chef des Voortrekkers, Piet Retief rendit visite à Dingane dans son kraal royal pour négocier une terre pour les Voortrekkers. En novembre, environs 1000 chariots voortrekkers descendirent des montagnes Drakensberg dans ce qui est aujourd’hui le KwaZulu-Natal.
Dingane demanda que Retief et ses hommes rendent le bétail volé par les voortrekkers à un chef local. Retief obtempéra le 3 février 1838.
Les chefs boers tentèrent alors de négocier un traité de coexistence pacifique avec le roi Dingane stipulant par ailleurs la cession aux voortrekkers par le roi Zoulou de terres au sud de la rivière Tugela jusqu’à la rivière Mzimyubu. Le 6 février 1838, Piet Retief, son fils et 70 de leurs compagnons acceptèrent l'invitation du Roi zoulou à son Kraal pour un banquet. Ils acceptèrent de venir sans armes en vertu des coutumes locales. C'est au milieu d'une danse zouloue que Dingane s’écria : « Bambani aba thakathi ! » (« Tuez ces sorciers ! »). Les voortrekkers furent tous massacrés à coup de pierres et de bâtons, leurs corps empalés et livrés aux charognards sur la colline kwaMatiwane. Retief assista à la mort de son fils et de tous ses compagnons avant d'être abattu en dernier.
L’armée de Dingane attaqua et massacra ensuite plusieurs groupes de boers. À Blaauwkrans et Boesmanspruit, 280 Boers et 200 métis, hommes, femmes et enfants furent ainsi massacrés par les armées zoulous tout comme à Weenen (du néerlandais : pleurer) où 500 femmes et enfants voortrekkers subissaient le même sort.
Alertés par des survivants, les familles boers se rassemblèrent autour d'Andries Pretorius, un riche fermier venant de Graaff-Reinet, et de Sarel Cilliers.
Le 16 décembre 1838, la grande confrontation a lieu entre 15 mille zoulous et 470 Boers (accompagnés de leurs 340 métis) repliés derrière leurs chariots rangés en cercle (laager). Elle se termina par une véritable hécatombe pour les Zoulous (3 000 tués) dont le sang colora de rouge la rivière Ncome qui fut dorénavant appelé Blood River.
Après cette défaite, Dingane brûla son kraal royal et s’enfuit au nord.
Mpande, le demi-frère épargné de Dingane, fit défection et s’allia à Pretorius. Ensemble, ils entrèrent en guerre contre Dingane. Le roi zoulou, fut assassiné près de l’actuelle frontière du Swaziland. Mpande pris alors la tête de la nation zouloue.
Après la campagne contre Dingane, les Voortrekkers formèrent la république boer de Natalia, au sud de Thukela et à l’ouest de la colonie britannique de port Natal (aujourd’hui Durban). Mpande et Pretorius maintinrent des relations amicales. Cependant en 1842, la guerre éclata entre les Britanniques et les boers, ce qui se solda par l’annexion de Natalia par les Britanniques. Mpande fit allégeance aux Anglais et garda de bonnes relations avec eux.
En 1843, Mpande ordonna la chasse aux zoulous accusés de dissidence. Il en résulta un nombre très important de morts et la fuite de milliers de réfugiés dans les pays voisins (y compris dans la colonie du natal). La plupart des réfugiés s’enfuirent avec le bétail. Mpande fit des raids dans les terres alentours, en résulta l’annexion du Swaziland en 1852. Cependant, les Britanniques exigèrent qu’il se retire, ce qu’il fit aussitôt.
À cette époque, une guerre de succession faisait rage entre les deux fils de Mpande, Cetshwayo et Mbuyazi. Elle se termina en 1856 avec la bataille qui laissa Mbuyazi pour mort. Dès lors, Cetshwayo se mit à usurper l’autorité de son père. En 1872, Mpande mourut de vieillesse et Cetshwayo s’empara du trône.
La fin du Royaume
Guerre Anglo-Zouloue
Le 11 décembre 1878, les Britanniques délivrèrent un ultimatum aux 14 chefs représentant Cetshwayo. Les clauses de l’ultimatum étaient inacceptables du point de vue du roi zoulou. Les forces britanniques traversèrent la rivière Thukela à la fin de décembre 1878. Le 22 janvier 1879, les zoulous défirent les Britanniques à la bataille d'Isandhlwana mais ils furent a leur tour sévèrement défaits le lendemain à Rorke's Drift. La guerre se termina par la défaite zouloue le 4 juillet 1879.
Division et la mort de Cetshwayo
Cetshwayo fut capturé un mois après sa défaite et exilé à la Ville du Cap. Les Britanniques léguèrent les pouvoirs à treize sous-rois, chacun ayant son propre royaume. Rapidement, des conflits apparurent entre ces royaumes. En 1882, Cetshwayo fut autorisé à visiter l’Angleterre, il eut audience avec la reine Victoria et avec d’autres personnes importantes, avant d’être autorisé à retourner dans le Zululand, pour y être réinvestit.
En 1883, on fit Cetshwayo roi d’un territoire tampon, bien moindre que le royaume original. Fin 1883, Cetshwayo fut attaqué à Ulundi par Zibhebhu, un des 13 sous-rois, soutenu par des mercenaires Boer. Cetshwayo fut blessé et s'enfuit. Il mourut en février 1884, probablement empoisonné. Son fils Dinuzulu, alors âgé de 15 ans, fut intronisé.Dinuzulu et les mercenaires Boer
Pour contre-attaquer Zibhebhu, Dinuzulu recruta des mercenaires Boer, leur promettant des terres en échange de leur aide. Ces mercenaires s’appelèrent eux-mêmes les volontaires de Dinuzulu, et étaient commandés par Louis Botha. Les volontaires de Dinuzulu défirent Zibhebhu en 1884 et demandèrent légitimement leur dû. Ils reçurent environ la moitié du Zululand et formèrent une république indépendante. Cela alarma les Britanniques qui annexèrent le Zululand en 1887. Dinuzulu fut impliqué dans divers conflits avec ses rivales. En 1906, Dinuzulu fut accusé par les anglais d’être à l’origine de la révolte de Bambatha. Il fut arrêté et fut condamné à dix ans d’emprisonnement à l’île Sainte-Hélène. Quand l’Union Sud-africaine fut formée, Louis Botha en devint le premier ministre, et il s’arrangea pour que son vieil allié puisse vivre en exil dans une ferme dans le Transvaal, où Dinuzulu mourut en 1913.
L’exil de Solomon et sa descendance
Son fils, Solomon ne fut jamais reconnu comme roi zoulou par les autorités Sud-africaines, mais seulement comme chef local. Cependant, il fut de plus en plus considéré comme roi par les chefs, le peuple zoulou et des intellectuels politiques comme John Langalibalele Dube. En 1923, Solomon créa l’organisation Inkatha YaKwaZulu pour promouvoir ses aspirations royales, qui tomba dans l’oubli avant d’être ravivé dans les années 1970 par Mangosuthu Buthelezi. En décembre 1951, le fils de Solomon, Cyprian Bhekuzulu fut officiellement reconnu comme le suprême roi des zoulous, mais le réel pouvoir sur le peuple zoulou était détenu par des fonctionnaires blancs sud-africain qui travaillaient avec des chefs locaux qui pouvaient être destitués s’ils refusaient de coopérer.
La guerre anglo-zouloue eut lieu en 1879 entre le Royaume-Uni et les Zoulous. Elle fut marquée par des batailles particulièrement sanglantes et constitua une étape importante dans la colonisation de la région. La guerre se solda par la fin de l'indépendance totale du royaume zoulou.
Informations générales
Date 11 janvier au 4 juillet 1879

Lieu Afrique du Sud

Issue Victoire des britanniques
Belligérants
Empire britannique
Royaume zoulou


Commandants
• Sir Bartle Frere
• Frederick Augustus Thesiger
• Garnet Joseph Wolseley
• Cetshwayo kaMpande
• Ntshingwayo Khoza
• Dabulamanzi kaMpande

Forces en présence
14 800 hommes
(6 400 Européens et 8 400 Africains) 35 000 hommes
Pertes
1 727 morts
256 blessés. 8 250 morts
3 000 bléssés
Guerre anglo-zouloue


Populations
Population totale 11 183 000
Populations significatives par régions
Afrique du Sud
10 500 000
Lesotho
303 000
Zimbabwe
143 000
Malawi
126 000
Swaziland
104 000
Botswana
4 900
Mozambique
3 300
Autre
Langue(s) Zoulou

Religion(s) christianisme, religions traditionnelles

Groupe(s) relié(s) Peuples Nguni (Xhosas, Ndébélés du Zimbabwe, Swatis)



L'enfance [modifier]
Chaka serait issu d’une union illégitime entre Nandi, princesse Langeni, et Senza Ngakona, chef du clan des Zoulous (une fraction du peuple nguni, issus des Bantous qui peuplèrent l'Afrique du Sud du XIIIe au XVIIIe siècle). D'après la légende, il aurait été considéré comme un bâtard, rejeté et humilié par son père, régulièrement maltraité par ses camarades 1. Ces expériences l’endurciront et marqueront sa personnalité d'une soif de vengeance. Mazisi Kunene, qui, lui, s'est inspiré des traditions zouloues, explique que la mère de Chaka, Nandi, était une princesse autoritaire. Elle s'est fâchée avec son mari et avec ses co-épouses, ce pourquoi elle a été répudiée. Cause de guerre entre les Abasema Langeni, son peuple, et la tribu zouloue, elle a dû fuir chez les Qwabe, dont elle aurait épousé l'un des princes. Ainsi, Mazisi Kunene ne réfute pas la difficile enfance de Chaka, mais la nuance.
Chaka ne s'entend pas avec les membres de la famille royale qwabe (contre lesquels il devra guerroyer plus tard). Il part chez les Bathwetwa et devient membre de l’armée de Dingiswayo, le souverain des Bathwetwa. Il devient rapidement le guerrier le plus remarquable de l’armée de Dingiswayo. Doué d’une force physique et d'une endurance prodigieuses, il excelle au combat. Il est charismatique et se révèle être un fin stratège. Sa réputation s’étend. Il devient bientôt le porte-parole et le bras droit de Dingiswayo.
L'ascension [modifier]
À la mort de son père, Sigujana, l'un des demi-frères de Chaka, assure la succession conformément à la volonté de leur père, et devient le chef du clan zoulou. Dingiswayo appuie Chaka pour qu'il prenne le pouvoir. Dans la bataille, Sigujana trouve la mort.
Chaka règne sur son peuple et commence à lui appliquer ses idées révolutionnaires pour créer une puissante armée. Il continue à combattre pour Dingiswayo, qui a quelques démêlés avec un puissant voisin aux visées impérialistes, Zwide, chef de la tribu des Ngwane. En quelques années, celui-ci parvient à ses fins : il réussit à faire prisonnier et à assassiner Dingiswayo, grâce à l'appui de ses espions. À la suite de cet événement, les régiments bathwetwas élisent Chaka au titre de chef souverain.
Le Royaume zoulou [modifier]
Après la mort de Dingiswayo, Chaka défait Zwide lors de deux batailles mémorables où il utilise son sens aigu de la stratégie. Ensuite, s'ouvre le temps des conquêtes. Il devient le chef d'une grande partie des tribus ngunies du Natal. Il les assimile à sa tribu, et leur fait porter son nom, celui de Zoulou. Pour ce faire, il remodèle son peuple en une armée de métier constituant le pivot de la société, ce qui en bouleverse les structures traditionnelles. Il astreint au service militaire tous ses sujets, crée un corps d’amazones, impose la langue zoulou à ses voisins. Il réorganise l’armée zouloue, qui devient permanente. Il supprime l'initiation des jeunes hommes mais conserve la division en classe d'âges pour former des régiments. Il les stimule par des concours d’épreuves : aux vainqueurs sont offertes les plus belles filles nubiles, initiées à la lutte et au combat. Il multiplie les exercices physiques et accroît la part de nourriture carnée de ses troupes.
Il révolutionne ensuite la stratégie militaire de son armée (tâche initiée avec sa propre tribu) : il opte pour la stratégie d’attaque "en tête de buffle" : les troupes sont divisées en quatre corps, deux ailes forment les cornes de buffle et deux corps centraux placés l’un derrière l’autre forment le "crâne". Opérant en mouvement tournant, l’une des ailes attaque, tandis que l’autre se cache et n’intervient que lorsque le combat est engagé. Il mène une guerre totale et utilise la tactique de la terre brûlée grâce à des régiments spéciaux, les impi ebumbu (régiments rouges).
L’armée de Chaka à son apogée comptera plus de 100 000 hommes, auxquels il faut ajouter environ 500 000 hommes des tribus voisines. Chaka oriente l’expansion des Zoulous dans deux grandes directions : vers l’ouest et vers le sud contre les Tembou, Pondo et Xhosa. Ils sèment la terreur chez les Nguni, les Swazi, les Sotho et les Xhosa. En dix ans, Chaka se taille un empire dans le Natal.
Il fait pratiquer un eugénisme systématique : les vieillards des peuples vaincus sont supprimés, les femmes et les jeunes incorporés. Les jeunes ont la vie sauve à condition de s’enrôler dans les impi, d’abandonner leur nom et leur langue, et de devenir de véritables Zoulous.
En 1820, quatre ans après le début de sa première campagne, Chaka avait conquis un territoire plus vaste que la France.
À partir de 1822, Chaka déploie ses armées à l’est du Drakensberg. Face à lui, de nombreuses collectivités choisissent de fuir, attaquant au passage leurs voisins, ce qui ajoute à la confusion. La carte ethnique de la région est bouleversée (ce processus est nommé Mfecane, « mouvement tumultueux de populations). La tradition tend à rendre Chaka coupable du Mfecane. En vérité, ce mouvement de migration avait déjà commencé avant sa prise de pouvoir, avec, entre autres, les combats entre Zwide et Matiwane.
Trois des généraux de Chaka le quittent pour conquérir l’Afrique australe en appliquant ses méthodes brutales : Moselekatse (ou Mzilikazi), après sa rupture avec Chaka en 1821, se dirige vers le sud-ouest avec les Ndébélé, disperse les Sotho sur les bords du Vaal et s’installe entre le Vaal et l’Orange jusqu’en 1836 ; Manoukosi (ou Sochangane) soumet les Tonga au Mozambique actuel (1830); Zouangendaba migre trois mille kilomètres vers le nord.
La chute
Le déclin de Chaka commencera avec sa tendance de plus en plus affirmée à la tyrannie, qui lui valut l’opposition de son propre peuple. À la mort de sa mère Nandi en 1827, Chaka fit exécuter plus de 7 000 personnes. Pendant un an, il fut interdit aux gens mariés de vivre ensemble et à tous de boire du lait. Notons néanmoins que ce rite de deuil extrême faisait exceptionnellement partie de la tradition zouloue.
Les circonstances de sa mort, survenue en 1828, sont floues: Chaka serait mort poignardé par ses demi-frères Dingane et Mhlangane, victime d'un complot orchestré par ses frères et sa tante Mkabayi, avec l'aide d'un de ses hommes de confiance, Mbopa.
Chaka fut un chef charismatique, un stratège et un organisateur de génie, fondateur d’une nation. Son action influença la vie et le destin de régions entières de l’Afrique australe.
Chaka a été un symbole important dans la lutte idéologique entre les Noirs et les Blancs en Afrique du Sud. Les Blancs l'ont beaucoup diabolisé, le présentant comme un tyran barbare. Pour les Zoulous, il est un personnage complexe, semi-légendaire, un fabuleux guerrier auquel on peut faire remonter la fierté de la nation.
Chaka dans la littérature
Chaka a fait l'objet d'un grand nombre de récits (poèmes, épopées, pièces de théâtre). Hormis les journaux de Bryant, Fynn et Isaacs, l'un des premiers à avoir écrit sur lui, façonnant en partie le mythe, est Thomas Mofolo. Notons qu'auparavant, Chaka apparaît dans la littérature victorienne du roman d'aventures, sous les traits d'un horrible tyran sanguinaire, comme dans le roman de Henry Rider Haggard, Nada the Lily. Dans les années 1960- 70, Chaka devient un personnage important de la revendication africaine. Des écrivains comme Seydou Badian Kouyaté, F.M Mulikita, Condetto Nenekhaly-Camara, Djibril T. Niane, Léopold Sédar-Senghor, Tchicaya U'Tamsi, Mazisi Kunene ou Thomas Day s'emparent du personnage. Il apparaît également dans la bande dessinée belge Zoulouland de René Durand et Georges Ramaïoli.